Le Grand Jury de François Braun : dans 6 mois cela ira mieux !

Paris, le lundi 21 novembre 2022 – Invité ce dimanche du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI , François Braun a évoqué les nombreuses crises systémiques et conjoncturelles qui traversent notre système de santé.

Ministre de la Santé depuis à peine plus de cinq mois, François Braun est un novice de la politique. Semaine après semaine, il multiplie les baptêmes du feu en la matière, avec plus ou moins de brio. Ce dimanche, il était pour la première fois invité de la célèbre émission politique Le Grand Jury. En répondant aux questions des journalistes de RTL, de LCI et du Figaro, François Braun est apparu comme le ministre d’un système de santé en crise permanente.

Des crises ponctuelles tout d’abord. Le ministre a ainsi été interrogé sur l’épidémie de bronchiolite particulièrement virulente qui touche notre pays cette année. L’ancien urgentiste a voulu se montrer optimiste, rappelant que les dernières données « montrent un infléchissement depuis une semaine » même s’il n’exclue pas que cela puisse être dû à un « effet des dernières vacances scolaires ».

Il a également exhorté les pédiatres à ne pas parler de « tri » des enfants, terme qui a selon lui une « connotation extrêmement négative ». Une déclaration qui ne devrait pas arranger les relations difficiles entre le ministre et les pédiatres, les seconds accusant le premier de ne pas regarder la situation de la pédiatrie hospitalière en face.

Des « tensions d’approvisionnement » qui seront réglés « dans les mois qui viennent »


Sur le front de l’approvisionnement en médicaments, François Braun a reconnu qu’il existait « des tensions » sur les stocks d’amoxicilline, préférant éviter de parler de « pénurie » (montrant encore une fois la rapidité de sa métamorphose en politique). Quelque peu évasif sur le sujet, il s’est contenté d’affirmer que la question serait réglée « dans les semaines et mois qui viennent » et que « l’ensemble du secteur avait été remobilisé ».

S’agissant de la crainte d’une double épidémie hivernale de grippe et de Covid-19, qui pourrait mettre les hôpitaux à rude épreuve, le ministre estime que le système de santé tiendra « si tout le monde y met du sien ». Il a ainsi lancé un appel à la « responsabilité collective » : « nous devons tous nous retrousser les manches : les soignants, l’Etat, les élus et les soignés » a-t-il rappelé, invitant les personnes à risque à se faire vacciner et à respecter les gestes barrières.

Le débat a alors naturellement glissé sur l’épineuse question de la réintégration des soignants non-vaccinés contre la Covid-19. Bien que le ministre ait récemment saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pour avis, il n’a pas caché son opinion sur la question, affirmant que cette réintégration posait un « problème d’éthique professionnel et ne réglerait pas la crise de l’hôpital ».

Un « bon système » à « reconstruire »


De la crise de l’hôpital, il a également été grandement question lors de ce Grand Jury. « Le diagnostic, malheureusement, nous le connaissons, il est temps d’être sur des solutions » a affirmé le ministre, qui s’est risqué à donner une date aux soignants. « Je veux leur dire dans six mois, ça va aller mieux, parce qu’on va vous redonner du temps, on va redonner du sens à votre métier ». Rendez-vous donc en mai pour voir si la situation du personnel hospitalier connait de premières améliorations.

Alors que les relations entre le ministre et les médecins se sont tendues ces dernières semaines, François Braun a également profité de cet interview pour défendre son projet contesté de création d’une quatrième année d’internat de médecine générale, à l’origine de grèves et de manifestations chez les futurs médecins généralistes.

Selon lui, cette année professionnalisante a avant tout pour objectif « de donner une meilleure formation à nos futurs médecins généralistes », rappelant que le passage dans une zone sous-dense n’était « pas obligatoire ». Tenant à rassurer les futurs généralistes, il a promis que « nous mettrons le nombre de maîtres de stage nécessaires pour les encadrer ».  

Réglementation des puffs (cigarette électronique aromatisée à usage unique), lutte contre les dérives de l’intérim, débat sur la fin de vie…les sujets évoqués par le ministre durant cette heure d’émission ont été nombreux. L’ancien urgentiste aura notamment tenu à rappeler son attachement à notre système de santé. « Le système est bon, la base est bonne, maintenant il faut reconstruire ».

Nicolas Barbet

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Vos réactions (2)

  • Encore un politique...

    Le 22 novembre 2022

    Grosse déception, ce grand jury. Les questions des journalistes étaient dans le style Paris-match, l’actuel sensationnel et rien sur le problème de fond d’un système de santé si délabré qu’on en est à vouloir accuser les internes de ne pas faire un service de santé là ou l’État à enlevé les institutions et les écoles, et où l’encadrement sera évidemment impossible. Quant au jeu de mot ridicule adressé aux pédiatres qui ne font pas la différence entre choisir et trier, honte à lui, il connaît parfaitement la situation et se paie maladroitement de mots comme les autres. Notre ministre est devenu un politique, il a bien compris qu’on ne le laissera pas faire de réforme de fond.
    Mais pourquoi reste-t-il ?

    De A Wilk

  • Politique un jour, politique toujours

    Le 23 novembre 2022

    Calamiteux mais prévisible, excellente maitrise de la sémantique à l'issue du passé syndical : tension remplace pénurie, choix remplace tri etc.
    Il faut améliorer la formation : lapalissade consensuelle ! Rappeler que paracétamol et amoxicilline doivent être réservés à... ceux qui en ont besoin et exclus chez les allergiques (DGOS) laisse rêveur.
    Les menaces formulées vis-à-vis des pédiatres et réanimateurs pédiatres ne sont que la cerise sur le gâteau : le tri a toujours existé M Braun, il s'acutise avec le temps, épidémies, pandémies et ... départs.
    Ça ira mieux dans 6 mois... autre cerise sur un clafouti indigeste : mais beaucoup ne seront plus là Monsieur, soigné(e)s comme soignant(e)s. Et vous, où serez vous ?
    Reste à reconstruire un système qui est bon. Va comprendre, relis-toi collègue.
    Un peu de courage :
    A quand la suppression pure et simple de l'intérim médical ?
    A quand une régulation des installations médicales en zones " surdotées" ?
    A quand une liste de garde médicale en ville "comme avant" ?
    Une certitude : pas de désert pour une chaire de sémantique, trop de candidats. On comprend que les "ex" et "anciens" ne soient pas pressés de retrouver leurs fonctions et les fameux patients : par crainte d'un accueil mitigé ? La soupe est meilleure ailleurs ? Plusieurs cordes pour l'arc manifestement, et la célèbre résilience alors : elle ne désigne que l'aptitude au retour à l'état antérieur. Peu prisé à l'évidence

    Dr JP Bonnet, PH

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