Le paradoxe Blanquer : un protocole sanitaire allégé à l’école

Paris, le lundi 29 novembre 2021 – A compter de ce lundi, la détection d’un cas de Covid-19 chez un élève de primaire n’entraîne plus la fermeture systématique de sa classe.

On pourrait appeler cela le paradoxe de Blanquer. Les contaminations augmentent fortement depuis plusieurs semaines dans l’ensemble de la population et notamment chez les enfants : chez les sujets âgés de 0 à 19 ans, le taux d’incidence était au 25 novembre dernier de 312 cas pour 100 000 habitants, un chiffre supérieur aux autres tranches d’âge. Et pourtant, à compter de ce lundi, le protocole sanitaire en vigueur dans les écoles françaises est allégé.

Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a notamment annoncé la fin de la fermeture automatique des classes de primaire lorsqu’un cas de Covid-19 est détecté.

Plus de fermeture systématique des écoles en primaire

Désormais, lorsqu’un élève sera contaminé, tous ses camarades de classe seront invités à se faire tester. Les tests pourront être réalisés à l’école mais également en pharmacie ou en laboratoire. Les enfants devront rester chez eux en attendant le résultat. Les élèves dont les parents refusent le test devront rester isolés et suivre un enseignement à distance pendant 7 jours et ceux testés positifs pendant 10 jours. Les enfants testés négatifs pourront eux continuer à prendre le chemin de l’école. Cependant, si plus de trois élèves sont contaminés dans la même classe en moins de 7 jours, la classe est fermée.

Ce changement de paradigme est dû à l’augmentation croissante des fermetures de classe ces derniers jours, en parallèle de la reprise épidémique. Plus de 8 500 classes étaient fermés ce jeudi, contre seulement 4 000 une semaine auparavant. Une situation devenue ingérable selon le ministère. Si le protocole sanitaire vise à éviter que les écoles deviennent des foyers épidémiques, il doit en effet aussi préserver l’éducation des enfants qui, on le rappelle, ne développent presque jamais de forme grave de la Covid-19.

Ce changement de protocole a été très mal accueilli par les syndicats d’enseignants. Pour l’Unsa, il s’agit d’un « changement de stratégie incompréhensible ». Même son de cloche du côté du Snuipp Fsu, qui estime que « le gouvernement met en danger les élèves, les personnels et leurs familles ». En revanche, la Fédération des conseils des parents d’élèves (FCPE) se dit « satisfaite que soit mis en place le dépistage systématique plutôt que l’isolement des élèves ». Les syndicats d’enseignants s’inquiètent également d’une possible atteinte au secret médical des élèves avec la mise en place du dépistage. Le 9 novembre dernier, le Conseil Constitutionnel avait rappelé que les directeurs d’école n’avaient pas à connaitre le statut vaccinal des élèves. Mais pour le ministère, il n’y a aucune inquiétude à avoir là-dessus : « les enseignants prendront simplement connaissance du résultat des tests, mais il n’y aura pas de traitement des données ».

Un « avantage » vaccinal maintenu au collège et au lycée

Si le protocole change en primaire, il reste le même dans les collèges et les lycées. Une différence de traitement qui s’explique par le fait que la vaccination est ouverte aux adolescents et pas (encore) aux enfants. Le gouvernement maintient donc sa règle selon laquelle, en cas de détection d’un cas de Covid-19, seul les cas contacts non-vaccinés doivent s’isoler. Une mesure critiquée par le Conseil scientifique et le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) et également réprouvée par la majorité des professionnels de santé si l’on en croit un sondage réalisé sur le JIM début octobre. Au-delà du problème éthique, la règle est critiquée pour sa pertinence, alors même que l’on constate désormais que le vaccin n’assure qu’une protection incomplète contre les contaminations.

Enfin, les élèves de 6ème se trouvent eux dans une situation intermédiaire : ils sont collégiens mais ont généralement moins de 12 ans et donc non-vaccinés. Pour eux, le ministère a décidé la distribution de deux autotests par semaine, à réaliser en famille et non à l’école. La réalisation de ces autotests n’est cependant pas obligatoire et ne conditionne pas l’accès à l’école. Paradoxalement, ces mêmes autotests ne sont pas acceptés en primaire dans le cadre du dépistage systématique.

Rappelons pour terminer que tous les écoliers, collégiens et lycéens de France sont également soumis à l’obligation du port du masque et ce depuis le 15 novembre dernier.

Dans une tribune publiée dans le Figaro, une trentaine d’orthophonistes dénonçaient les conséquences délétères du port du masque pour l’apprentissage de la lecture et du langage chez l’enfant. « Dans ce contexte où l’enfant est peu touché par la maladie Covid, il nous semble important de remettre l’intérêt supérieur des enfants au centre des préoccupation des adultes » concluait la tribune.

Nicolas Barbet

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