
Outre d’autres effets confirmés comme le renforcement de l’immunité, l’allaitement maternel offre-t-il un intérêt pour le développement cognitif de l’enfant ? Archives of General Psychiatry publie une étude réalisée au Bélarus sur plus de 17 000 enfants (issus de 31 maternités) dont près de 14 000 ont été suivis jusqu’à l’âge de 6 ans et demi , pour le projet PROBIT encourageant l’allaitement maternel (Promotion of Breastfeeding Intervention Trial, soutenu par l’OMS et l’UNICEF).
Cette enquête épidémiologique est à ce jour la plus importante réalisée en matière d’allaitement naturel. Son incidence sur le développement cognitif de l’enfant est évaluée en s’appuyant sur les épreuves psychométriques (Quotients intellectuels au test de Wechsler : échelle verbale, de performance et globale) et les résultats scolaires (notamment en lecture, écriture, calcul). On s’est efforcé de minimiser l’influence d’autres facteurs en travaillant sur des groupes ne différant que par ce critère d’allaitement mais comparables par ailleurs pour l’âge de la mère, son tabagisme, l’âge de la grossesse, le poids de naissance, le score d’Apgar, le nombre d’enfants dans la fratrie… Les données « suggèrent fortement » que l’allaitement maternel « prolongé et exclusif améliore le développement cognitif » de l’enfant, tel que le révèlent les tests de Quotient intellectuel (en particulier l’échelle verbale) et les résultats scolaires à l’âge de 6 ans et demi.
Avec prudence, les auteurs n’excluent pas néanmoins certains biais cachés, reflétant la diversité de la population du Bélarus (facteurs socio-économiques, génétiques, culturels). Mais globalement, la conclusion leur semble assurée : le sein maternel constitue un excellent catalyseur de l’intelligence. La voie est donc libre pour les interprétations médico-psychologiques : ce gain cognitif est-il lié aux suites favorables de meilleures interactions mère/enfant ? À un comportement éducatif plus efficace chez la mère allaitant ? Ou à des facteurs méconnus du lait lui-même, comme les concentrations en acides gras poly-insaturés, plus élevées dans le lait maternel ?
Dr Alain Cohen