Les modifications métaboliques entraînées par l’infection HIV et par son traitement sont susceptibles d’augmenter le risque cardiovasculaire. Existe-t-il une augmentation de l’incidence de l’infarctus du myocarde aigu chez les patients HIV ?
Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’incidence de
l’infarctus du myocarde (IdM) aigu dans une importante cohorte de
patients HIV et de comparer ce taux à celui observé chez des sujets
contrôles avec ajustement sur l’âge, le sexe et les facteurs de
risque cardiovasculaires. Il s’agit d’une étude longitudinale menée
à partir d’un registre basé dans 2 hôpitaux de soins tertiaires.
L’étude a concerné 3 851 patients HIV et 1 044 589 patients non HIV
suivis prospectivement d’octobre 1996 à juin 2004. Un IdM aigu a
été identifié chez 189 patients HIV et chez 26 142 patients non HIV
soit un taux pour 1 000 personnes-années de 11,13 chez les patients
HIV et de 6,98 chez les patients non HIV. Après prise en compte de
l’âge, du sexe, de l’origine ethnique, de l’existence d’un diabète,
d’une HTA ou d’une dyslipidémie on retrouvait une augmentation du
risque d’IdM d’un facteur 1,75 chez les patients HIV par rapport
aux patients non HIV (p < 0,0001). Par rapport aux patients non
HIV les patients HIV étaient caractérisés par une prévalence plus
élevée des principaux facteurs de risque cardiovasculaires :
- HTA (21,2 versus 15,9 % ; p < 0,0001)
- diabète (11,5 versus 6,6 % ; p < 0,0001)
- dyslipidémie (23,3 versus 17,6 % ; p < 0,0001)
L’incidence de l’IdM aigu était plus élevée chez les femmes HIV que
chez les femmes non HIV. Après prise en compte de l’âge, de
l’origine ethnique, de l’existence d’un diabète, d’une HTA ou d’une
dyslipidémie l’augmentation du risque d’IdM aigu lié au HIV restait
plus importante chez les femmes (augmentation d’un facteur 2,98)
que chez les hommes (augmentation d’un facteur 1,40). Deux facteurs
limitants sont signalés par les auteurs : absence de données
concernant le tabagisme ainsi que la nature et la durée des
traitements anti-retroviraux.
Cette étude met en évidence une augmentation importante du risque d’infarctus du myocarde aigu chez les patients HIV qui s’accompagne d’une augmentation des facteurs de risque cardiovasculaires classiques. Ces données justifient une prise en charge stratégique du risque cardiovasculaire chez les patients HIV en particulier chez les femmes.
Dr Laurence Du Pasquier