
Comme le confirme une étude réalisée à Toronto (dans l’Ontario, au Canada), la télémédecine restait peu courante en psychiatrie, et pour ainsi dire encore dans son enfance, avant le déferlement récent de la Covid-19.
Associant « des données médicales et des données administratives », les auteurs ont examiné deux cohortes d’enfants et d’adolescents (sujets de moins de 18 ans) entre 2013 et 2017 (donc avant la pandémie de COVID-19) pour comparer l’accès concret à un psychiatre et le recours aux services de télésanté mentale, lors d’une situation d’urgence psychiatrique ou d’une hospitalisation, et pour évaluer le suivi à un an avec la télémédecine ou d’autres services de soins.
Faible taux de recours avant la pandémie malgré des besoins importants
Les sujets de la première cohorte (effectif = 7 216, âge moyen =11,8 ans ± 3,8 ans) ont eu recours à un programme provincial de télésanté mentale, contrairement à ceux d’une seconde cohorte, malgré leurs « besoins élevés en psychiatrie » (effectif = 84 033). Dans la première cohorte, la proportion des consultations et des hospitalisations a « diminué dans l’année suivant la consultation en télésanté mentale », tandis que les visites en psychiatrie locale ont augmenté (passant de 8,4 % avant cette consultation à 17 % après, p < 0,001). Et dans la seconde cohorte, « seulement 1,5 % des patients ont reçu des services de télésanté mentale, quand 40,7 % ont vu « un psychiatre en personne », et 32,5 % ont reçu des soins ambulatoires. »
Cette étude illustre le faible taux de recours, avant la pandémie de Covid-19, aux services de télésanté mentale en Ontario, y compris chez des enfants et des adolescents aux besoins élevés en soins psychiatriques, et malgré un contexte (a priori plus favorable à l’usage de la télémédecine) d’accès accru aux soins et de besoin réduit de soins de santé mentale aigus. Toutefois, ce constat ne doit pas être démobilisateur : les auteurs indiquent que les services de télésanté mentale « continueront d’être une stratégie essentielle pour l’accès aux soins psychiatriques pendant et après la pandémie pour soutenir les enfants et les adolescents avec des problèmes de santé mentale, et ceux ayant de nouveaux besoins » en matière pédopsychiatrique.
Dr Alain Cohen