Les antibiotiques, toujours un peu trop automatiques

Paris, le jeudi 3 novembre 2022 – Le dernier rapport de Santé Publique France indique une hausse jugée inquiétante de la consommation d’antibiotiques en 2021, notamment chez les jeunes enfants.

« Les antibiotiques c’est pas automatique ». Le slogan avait fait florès au début des années 2000 et avait favorisé une diminution importante de la consommation d’antibiotiques. Car si la découverte des antibiotiques constitue à n’en pas douter une des plus grandes avancées médicales du siècle dernier, leur utilisation abusive entraine un risque bien connu des scientifiques : le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques par sélection naturelle.

On estime qu’environ 5 500 personnes décèdent chaque année en France à la suite d’une infection bactérienne antibiorésistante. Des études récentes ont également démontré que la surconsommation d’antibiotiques peut altérer le microbiote et favoriser le développement de certaines maladies chroniques.

Rebond de la consommation d’antibiotiques en 2021


Les confinements de 2020, qui ont entrainé une baisse des consultations médicales et un recul des maladies hivernales virales, avaient provoqué par ricochet une chute de la consommation d’antibiotiques, dans le sillage d’une baisse continue sur les dix dernières années. Peu étonnant donc que Santé Publique France constate, dans son dernier rapport publié ce mercredi, un rebond de la consommation d’antibiotiques en 2021, année marquée par un allègement des restrictions sanitaires.

Les prescriptions d’antibiotiques en ville ont ainsi augmenté de 5 % entre 2020 et 2021 pour atteindre les 700 prescriptions annuelles pour 1 000 habitants, ce qui place la France au 4ème rang européen de l’utilisation de cette classe de  médicaments.

Si les chiffres sont relativement stables pour les personnes âgées de 5 à 79 ans et que la baisse se poursuit pour les plus de 80 ans, le rebond est fulgurant pour les enfants de moins de 5 ans : les prescriptions annuelles sont passées de 800 à 1 200 pour 1 000 enfants, retrouvant ainsi les chiffres de 2019. Une surconsommation qui inquiète les autorités sanitaires et de nombreux pédiatres, dont le Dr Christophe Batard, qui appelle à une « piqure de rappel pour les médecins et les patients » dans un entretien accordé au Parisien.

Les idées reçues sur les antibiotiques ont la vie dure


A quelques jours de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, qui se tiendra du 18 au 24 novembre, Santé Publique France lance donc une campagne de sensibilisation sur la surconsommation d’antibiotiques. Des affiches seront placardées dans les salles d’attente des médecins et des messages diffusés à la radio et sur les réseaux sociaux.

Le slogan « les antibiotiques, bien se soigner, c’est bien les utiliser » sonne sans doute un peu moins bien que le message presque culte du début des années 2000. Mais le but est le même, rappeler aux Français que les antibiotiques sont inefficaces contre les infections virales et ce alors que les idées reçues sur la question ont la vie dure. Ainsi, selon Santé Publique France, 77 % des Français pensent que les antibiotiques sont efficaces contre la bronchite aigue, 65 % contre la bronchiolite et 53 % contre la grippe ! 54 % des personnes interrogées consomment des antibiotiques en cas d’angine, qui sont pourtant à 80 % d’origine virale.

Sensibiliser les patients donc, mais aussi les médecins qui seraient encore trop enclins à « céder » aux demandes de leurs patients. « Seuls 30 % des médecins utilisent un test pour connaitre l’origine virale ou bactérienne d’une angine » déplore le Dr Batard.

Nicolas Barbet

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