
« Les antibiotiques c’est pas automatique ». Le slogan
avait fait florès au début des années 2000 et avait favorisé une
diminution importante de la consommation d’antibiotiques. Car si la
découverte des antibiotiques constitue à n’en pas douter une des
plus grandes avancées médicales du siècle dernier, leur utilisation
abusive entraine un risque bien connu des scientifiques : le
développement de bactéries résistantes aux antibiotiques par
sélection naturelle.
On estime qu’environ 5 500 personnes décèdent chaque année en
France à la suite d’une infection bactérienne antibiorésistante.
Des études récentes ont également démontré que la surconsommation
d’antibiotiques peut altérer le microbiote et favoriser le
développement de certaines maladies chroniques.
Rebond de la consommation d’antibiotiques en 2021
Les confinements de 2020, qui ont entrainé une baisse des
consultations médicales et un recul des maladies hivernales
virales, avaient provoqué par ricochet une chute de la consommation
d’antibiotiques, dans le sillage d’une baisse continue sur les dix
dernières années. Peu étonnant donc que Santé Publique France
constate, dans son dernier rapport publié ce mercredi, un rebond de
la consommation d’antibiotiques en 2021, année marquée par un
allègement des restrictions sanitaires.
Les prescriptions d’antibiotiques en ville ont ainsi augmenté
de 5 % entre 2020 et 2021 pour atteindre les 700 prescriptions
annuelles pour 1 000 habitants, ce qui place la France au 4ème rang
européen de l’utilisation de cette classe de
médicaments.
Si les chiffres sont relativement stables pour les personnes
âgées de 5 à 79 ans et que la baisse se poursuit pour les plus de
80 ans, le rebond est fulgurant pour les enfants de moins de 5 ans
: les prescriptions annuelles sont passées de 800 à 1 200 pour 1
000 enfants, retrouvant ainsi les chiffres de 2019. Une
surconsommation qui inquiète les autorités sanitaires et de
nombreux pédiatres, dont le Dr Christophe Batard, qui appelle à une
« piqure de rappel pour les médecins et les patients » dans un
entretien accordé au Parisien.
Les idées reçues sur les antibiotiques ont la vie dure
A quelques jours de la Semaine mondiale pour un bon usage des
antibiotiques, qui se tiendra du 18 au 24 novembre, Santé Publique
France lance donc une campagne de sensibilisation sur la
surconsommation d’antibiotiques. Des affiches seront placardées
dans les salles d’attente des médecins et des messages diffusés à
la radio et sur les réseaux sociaux.
Le slogan « les antibiotiques, bien se soigner, c’est bien les
utiliser » sonne sans doute un peu moins bien que le message
presque culte du début des années 2000. Mais le but est le même,
rappeler aux Français que les antibiotiques sont inefficaces contre
les infections virales et ce alors que les idées reçues sur la
question ont la vie dure. Ainsi, selon Santé Publique France, 77 %
des Français pensent que les antibiotiques sont efficaces contre la
bronchite aigue, 65 % contre la bronchiolite et 53 % contre la
grippe ! 54 % des personnes interrogées consomment des
antibiotiques en cas d’angine, qui sont pourtant à 80 % d’origine
virale.
Sensibiliser les patients donc, mais aussi les médecins qui
seraient encore trop enclins à « céder » aux demandes de leurs
patients. « Seuls 30 % des médecins utilisent un test pour
connaitre l’origine virale ou bactérienne d’une angine »
déplore le Dr Batard.
Nicolas Barbet