Les complications de la chirurgie du cancer colorectal influent-elles sur les suites oncologiques ?

Le cancer colorectal (KCR), l’un des plus fréquents, est essentiellement traité chirurgicalement tant qu’il n’est pas disséminé. Cependant, malgré les avancées techniques, encore près d’1/3 des interventions sont suivies de complications postopératoires. La question de l’incidence de ces complications sur le pronostic à long terme est l’objet de controverses. Il faut distinguer entre les complications médicales (pneumopathies, thromboses) et les complications chirurgicales (infections du site opératoire -ISI-, fistules) et. Les auteurs coréens se sont limités à ces dernières.

Leur étude repose sur 1 149 patients opérés d’une intervention à visée curative dans leur centre en 2010, après avoir éliminé les KCR récidivés et héréditaires. Parmi ces opérés, 310 (27 %) ont présenté une complication chirurgicale.

Les cancers du rectum qui paraissaient sur le scanner de stade T3-T4 (envahissement de la graisse péri-rectale ou des structures adjacentes) ou N+ (envahissement lymphatique) ont bénéficié d’un traitement néoadjuvant, radio ou chimiothérapique. Si ces constatations (T3-T4 ou N+) étaient faites sur la pièce opératoire, une chimiothérapie à base de 5-fluoro-uracile était mise en route.

Les opérés ont été suivis tous les 3 puis tous les 6 et 12 mois (interrogatoire, examen clinique, dosage de l’antigène carcino-embryonnaire, bilan radiologique et coloscopie).

La classification de Clavien-Dindo (CD) a différencié les complications mineures CD I et II, accessibles à un traitement médical, voire à un débridement au lit d’un petit abcès de paroi, et les complications majeures CD III, nécessitant un geste chirurgical, endoscopique ou de radiologie interventionnelle, ou CD IV avec défaillance viscérale.

Pas d’impact significatif sur la survie

Il y a eu d’une part 194 CD mineures I-II, dont 64 rétentions d’urines, 51 iléus paralytiques et 32 ISI superficielles, et d’autre part 116 CD majeures III-IV, dont 66 ISI profondes, 24 fistules anastomotiques, et 10 occlusions. En revanche, il n’y a eu aucune défaillance poly-viscérale (CD IVb) ni aucun décès (CD V).

Les CD majeures sont survenues significativement plus souvent chez les patients ayant présenté un épisode subocclusif préopératoire, opérés par voie ouverte, avec une durée de séjour prolongé, et un stade T et N élevé.

Au cours d’un suivi moyen de 6 ans, on constate que la survie spécifique à 5 ans a été de 84 % en cas de CD mineures et de 78,5 % en cas de CD majeures, différence non significative. En revanche, la différence de survie à 5 ans liée au stade est significative (94 % au stade I et 70 % au stade II). D’autres facteurs pronostiques péjoratifs ont été mis en évidence : perforation ou végétations, envahissement péri-neural et traitement néo-adjuvant de la tumeur.

La sévérité des complications postopératoires n’est pas un élément déterminant de la survie sans récidive dans le cancer colorectal.

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
Oh CK et coll. : Long-term oncologic outcome of postoperative complications after colorectal cancer surgery. ANN Coloproctol 2020; 36(4): 273-280.

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