Pour explorer les corrélats neurophysiologiques du traitement émotionnel de la peur et de la joie, une série de photos évocatrices a été proposée à 12 patients présentant un premier épisode de schizophrénie, à 12 jeunes adultes avec des troubles anxieux, ainsi qu’à des témoins. L’enregistrement des potentiels évoqués cognitifs pendant la séance a mis en évidence des différences significatives entre les groupes dans la latence et l’amplitude de certaines composantes (ondes P100, N170 et N250) pour les stimuli faciaux étudiés. De plus, chez les schizophrènes débutants, l’amplitude des signaux était diminuée de façon significativement plus importante face des stimuli positifs que face à des stimuli négatifs. Cette différence n’était pas retrouvée chez les sujets anxieux.
Les auteurs concluent qu’il existe des altérations cognitives spécifiques dans la perception des différents stimuli émotionnels chez les sujets qui présentent un premier épisode schizophrénique, par rapport aux sujets anxieux et aux témoins en bonne santé.
Dans une deuxième étude, la même équipe a inclus 10 sujets avec un QI normal dont le diagnostic de schizophrénie venait d’être posé ainsi que 10 sujets bien portants. Ils ont tous bénéficié d’une IRM fonctionnelle pendant l’observation de stimuli visuels agréables et désagréables. Un des principaux résultats de cette étude a été de montrer que la visualisation d’images repoussantes entraînait une activation de la partie antérieure de l’insula chez les sujets normaux mais pas chez les schizophrènes. Ces résultats rejoignent ceux d’un autre travail réalisé chez des patients schizophrènes chroniques, dont l’IRM a montré une diminution du volume de l’insula antérieure gauche.
La défaillance des circuits neuraux intervenant dans l’attribution des émotions est compatible avec le déficit de ressenti des émotions qui caractérise les sujets schizophrènes.
Dr Odile Biechler