
C’est ainsi qu’entre 2002 et 2014, la Guinée-Bissau a organisé 17 campagnes nationales de vaccination par le vaccin polio oral. D’autres campagnes ont été menées, pour la supplémentation en vitamine A, ou la vaccination contre la rougeole et la grippe H1N1. Pour évaluer l’impact de ces interventions sur la survie des enfants, une équipe a analysé les données de la mortalité infantile entre 1 et 3 ans, dans une zone urbaine comptant environ 100 mille habitants, en comparant les taux de mortalité « avant-après » les campagnes.
Vacciner 50 nouveau-nés pour sauver 1 vie
Après les campagnes de vaccination contre la polio, par le vaccin oral, la mortalité est améliorée, avec une différence de – 0,25 % avant et après. L’effet est le même chez les jeunes enfants et chez les plus grands, et les garçons en profitent autant que les filles. L’impact de la campagne de vaccination est présent, que le vaccin oral soit monovalent, bivalent ou trivalent. La répétition des campagnes n’émousse pas leur efficacité, puisqu’à chaque campagne supplémentaire, l’effet sur la mortalité augmente de 14 %. Les auteurs estiment qu’il est nécessaire de vacciner 50 nouveau-nés pour sauver 1 vie. En revanche, cet effet bénéfique sur la mortalité n’est pas retrouvé après les autres interventions (supplémentation en vitamine A ou vaccin contre la rougeole ou la grippe).Cet effet sur la mortalité est relié aux effets non spécifiques du vaccin polio oral. Notons que ces résultats sont publiés alors que, dans les pays en développement et sur recommandation de l’OMS, les programmes de vaccination par le vaccin polio oral sont progressivement remplacés par la vaccination par le vaccin injectable. Ce dernier n’a pas encore fait la preuve de ses effets non spécifiques. Une affaire à suivre…
Dr Roseline Péluchon