Les médecins libéraux attendent un geste des assureurs

Paris, le mardi 14 avril 2020 – Alors que les médecins libéraux subissent une baisse d’activité importante du fait de la situation actuelle, plusieurs syndicats demandent aux assureurs d’assouplir leur condition d’indemnisation.

« Les assurances doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique ». Une phrase du discours du Président de la République de ce lundi soir qui aura sans doute retenu l’attention des médecins libéraux. Comme nombre de nos concitoyens, ces derniers vivent une situation économique difficile du fait du confinement. Selon l’Assurance maladie, les généralistes doivent déplorer une baisse d’activité de 40 % et les spécialistes de 70 %. Certains médecins libéraux ont même dû cesser leur activité, soit parce qu’ils ont contracté la maladie, soit parce qu’ils ont été en contact avec un porteur du virus.

Les syndicats demandent la suppression des délais de carence

Dans ces conditions, les médecins de ville espèrent que les assurances sauront se montrer généreuses. Dans un communiqué commun publié ce vendredi, les cinq principaux syndicats de médecins libéraux (CSMF, FMF, BLOC, MG, SML) demandent ainsi aux assurances, mutuelles et caisses de prévoyance de renforcer leur aide aux assurés. Ils leur suggèrent notamment de supprimer tout délai de carence et d’élargir la prise en charge des pertes d’exploitation.

Les syndicats demandent notamment aux acteurs privés de prendre exemple sur les organismes sociaux. La CARMF a en effet annoncé la suppression du délai de carence pour le versement d’indemnités journalières, qui seront également versés aux médecins qui présentent une situation à risque qui les empêchent de continuer à exercer.

Des gestes insuffisants

Certains assureurs ont déjà procédé à des gestes, quelque peu timides, aux bénéfices de leurs assurés. La Médicale a ainsi réduit le délai de carence de 14 à 7 jours. La MACSF a elle mise en place un fonds de solidarité de 1 millions d’euros à destination des médecins libéraux et a étendu son assurance de responsabilité civile aux médecins réquisitionnés pour lutter contre l’épidémie et aux actes de téléconsultation, en forte hausse depuis le début du confinement. Plusieurs assureurs ont également décidé d’accorder des indemnités journalières aux médecins contraints de s’isoler après avoir été en contact avec un patient Covid +.

Des mesures jugées largement insuffisantes par la plupart des médecins libéraux. Pour beaucoup d’entre eux, le maintien des délais de carence (jusqu’à 14 jours dans certains contrats d’assurance) et le refus d’indemniser les pertes d’exploitation sont inacceptables. « Merci aux très riches assurances de ne pas rembourser les soignants libéraux en arrêt maladie pour quarantaine » écrit un chirurgien-dentiste sur Facebook.

Vers une hécatombe de cabinets médicaux ?

Mais du côté des assureurs, on estime qu’il est difficile d’en faire plus et qu’il est notamment impossible de prendre en charge la perte d’exploitation. « Ce type d’intervention n’est financièrement pas supportable pour notre mutuelle, ni d’ailleurs pour aucun assureur du marché » explique Stéphane Dessirier, directeur général de la MACSF. 

Les conséquences de la crise pourraient être désastreuses pour la médecine de ville, de nombreux cabinets se voyant obligés de mettre la clé sous la porte. Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, craint « l’arrêt d’activité d’un nombre important de médecins, soit des jeunes en début d’activité, soit des retraités en cumul emploi-retraites qui ne continueront pas ».

QH

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Vos réactions (2)

  • Les plus malheureux

    Le 14 avril 2020

    Chers médecins que dire des pedicures podologues, des kinésithérapeutes qui n'ont pas qu'une simple baisse d'activité, mais zéro de chez zéro, nos ordres nous ayant interdit d'exercer complétement....Ah les médecins ! Les plus malheureux des professions de santé!

    Gilles Renault

  • Perte d'exploitation des cabinets

    Le 16 avril 2020

    D'accord avec tous mais effectivement les kines, podologues, dentistes, sont plus en perte que nous MG. On peut faire des téléconsultations des visites et ouvrir les cabinets.

    Dr Dominique Autier

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