
« L’admirable nature a voulu que ce que les hommes ont de commun fût essentiel, et ce qu’ils ont de différent peu de choses : il est vrai que ce qu’ils ont de différent change beaucoup ce qu’ils ont de semblable ». Cet aphorisme célèbre de Rivarol guide la recherche des facteurs génétiques régissant les pathologies. La psychiatrie n’échappe pas à la règle, même si le substrat organique n’est certainement pas le seul en cause. Les premières recherches dans ce domaine remontent à Kraepelin établissant, vers 1890, les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui le « phénotype bipolaire » (psychose maniaco-dépressive).
Seconde phase pour la recherche génétique en psychiatrie : les études chez des jumeaux montrant, vers 1930, certaines corrélations familiales (donc génétiques) dans ces troubles bipolaires.
Quant à la fin du XXème siècle, elle a vu l’essor de la « cartographie » et des marqueurs génétiques, encore fort modestes dans cette spécialité, mais où l’auteur, confiant dans l’avenir, voit un aperçu encourageant des progrès futurs. Il rappelle plusieurs avancées comme la mise en évidence d’une région du chromosome 13, abritant le gène de la DAOA (Activateur de la D-Amino Acide Oxidase), impliqué sans doute dans les troubles bipolaires, voire certaines psychoses. Et le lien entre des pathologies du post-partum (psychoses puerpérales, accès maniaques ou dépressifs) et des sites des chromosomes 8 et 16. Ou encore l’exemple du gène PICK1 (Protein Interaction C-Kinase-1) relevant du chromosome 22 et impliqué dans le contrôle de la transmission synaptique : des études l’incriminent dans le déterminisme de la schizophrénie.
Bien qu’elles concernent souvent de petits groupes, avec les difficultés d’interprétation statistique en résultant, toutes ces recherches devraient connaître un grand essor, dépassant la simple quête actuelle d’un marqueur dont les allèles se révèleraient plus ou moins fréquents dans une population atteinte d’une certaine affection, par rapport à une population-témoin.
Dr Alain Cohen