L’Europe doit-elle passer à la stratégie du « Zéro Covid » ?
Sydney, le mardi 2 février 2021 - On doit se frotter les yeux
pour y croire. A Melbourne, où a lieu actuellement l’ATP Cup, un
tournoi préliminaire à l’Open d’Australie, un public venu nombreux
applaudit les joueurs de tennis arrivés du monde entier. Pour
Rafael Nadal, l’image est presque un choc. En conférence de presse,
le Majorquin lance presque surpris « ici, la vie est presque
revenue à la normale ». Pourtant, à 3.500 kilomètres des stades
de Melbourne, la ville de Perth va devoir à nouveau subir un
confinement strict de sa population pendant plus de cinq jours
suite à la détection… d’un seul cas d’infection par SARS-Cov-2, le
premier en dix mois !
En quoi consiste cette stratégie appliquée en Océanie mais
aussi en Chine, celle du « Zéro Covid » ?
Lorsqu’un cas ou plusieurs cas d’infection par SARS-CoV-2 sont
détectés dans une ville, le gouvernement décide immédiatement de
procéder au confinement strict d’une zone géographique délimitée
pendant une période allant de 5 jours à plusieurs semaines. En
Chine, le confinement est généralement accompagné d’une campagne de
tests massive et le placement à l’isolement des personnes positives
ou cas contacts.
Une politique qui s’accompagne d’un contrôle strict aux
frontières : les joueurs de l’Open d’Australie ont dû notamment
respecter une période de quatorzaine stricte pour pouvoir enfin
rejoindre les terrains.
Une stratégie radicalement différente de celle utilisée un
temps en Suède ou au Brésil (stratégie du laisser-faire) ou celle
adoptée en Europe du « vivre avec le virus » qui vise à
contrôler avec plus ou moins de mal la circulation de SARS-CoV-2
grâce à la tactique du « tester, tracer, isoler » et à
mettre en place des mesures de freinage lorsque le taux d’incidence
devient trop élevé. Le confinement est envisagé comme l’arme de
dernier recours pour diminuer la pression hospitalière et non comme
un outil préventif.
Si certains pays asiatiques parviennent à maintenir le virus sous
contrôle avec cette technique (Corée du Sud, Japon) l’Europe s’est
retrouvée à appliquer des confinements plus ou moins stricts de la
population pour tenter de juguler l’épidémie.
Faut-il changer de stratégie ?
Certaines voix n’hésitent pas à ouvrir le débat : faut-il que
la France (et l’Europe) change totalement de stratégie. Depuis
plusieurs mois, l’épidémiologiste Catherine Hill milite sur les
plateaux de télé pour allier un confinement strict à une politique
de test massif pour supprimer le virus. Désormais,
l’épidémiologiste Antoine Flahaut se range dans le camp du «
Zéro Covid ». Interrogé dans Le Parisien, celui-ci
estime avoir basculé en faveur de cette stratégie « lorsque j'ai
réalisé que l'on n'aurait pas la possibilité de vacciner toute la
population d'ici à la fin de l'été ».
En Allemagne, ce débat est posé par un certain nombre de
chercheurs dans un document de onze pages intitulé : « un nouvel
objectif proactif pour l’Allemagne en matière de lutte contre le
Sars-CoV-2 » rédigé par un groupe d’experts composés de
virologues, d’économistes, de juristes, de physiciens et de
politiques.
Le début de ce rapport est clair : « nous devons créer un
consensus social autour de l’idée que, en tant que société, nous ne
pouvons ni ne voulons vivre avec le virus, mais que nous souhaitons
le vaincre ». Le plan proposé vise à aboutir au « no
covid » en suivant plusieurs étapes.
L’objectif initial des premières mesures de réduction de la
circulation du virus (distribution de masques FFP2, fermeture des
écoles, restrictions des libertés individuelles et télétravail) ne
vise pas à supprimer totalement le virus, mais à redescendre
jusqu’à un taux acceptable d’incidence de 10 cas pour 100.000
habitants.
Par la suite, le principe est de se focaliser sur les indicateurs
départementaux, en distinguant les zones débarrassées du Covid (où
les libertés sont totalement acquises) des zones où le virus
circule encore, même de manière sporadique, où des restrictions
fortes de déplacement doivent être imposées. A l’heure actuelle,
Angela Merkel semble réfractaire à ce changement de braquet.
Les objections doivent-elles interdire tout débat ?
« En théorie, oui, mais en pratique, non » c’est ainsi
que l’on pourrait résumer l’avis de nombreux scientifiques et
responsables européens pour expliquer que la stratégie du « No
Covid » ne pourrait pas être transposable à la situation du
vieux continent.
Les détracteurs opposent le plus souvent en premier lieu
l’argument géographique. Interrogé par la presse internationale
vendredi 29 janvier, le président français Emmanuel Macron
s’interroge sur les limites de l’exemple océanique : « quand on
compare la France avec la Nouvelle-Zélande, ça n'a aucun sens. On
n'est pas une île qui a la population de Lyon et qui peut
s'isoler ».
L’isolement géographique des deux nations et la faible densité
de population (sans parler du climat particulier) constituent sans
aucun doute un argument convaincant pour se prémunir de toutes
comparaisons hâtives (densité de 3,27 habitants par
km2 en Australie, 4,4 en Nouvelle Zélande,
118 en France). Il est toutefois contrebalancé par le cas de la
Chine qui parvient à réduire la circulation du virus à quelques cas
(146 habitants par km2 en Chine).
Autre argument, le contrôle serait plus facile à effectuer
dans un pays où le virus a toujours très peu circulé.
Les nations insulaires (ou autoritaires) ont instauré dès le
début de la crise un contrôle strict des frontières permettant
logiquement toute introduction du virus dans le pays. Dans le cas
particulier de l’Europe ou des Etats-Unis, le contrôle des
frontières intérieures constitue un enjeu politique extrêmement
sensible mais aussi pratique : la limitation du principe de libre
circulation des personnes et des marchandises impliquerait un
risque dans l’approvisionnement du marché intérieur.
Trop tard ?
Faut-il comprendre qu’il serait trop tard pour s’engager dans
cette voie ? Interrogée dans le Journal du dimanche,
l’infectiologue Anne-Claude Crémieux constate que les États
européens ont en réalité appliqué un plan initialement prévu pour
une autre guerre : celle de la grippe. Dès le début de la crise, la
Nouvelle-Zélande a décidé de renoncer au modèle du plan du type
Pandémie Grippale, pour adopter la stratégie utilisée par l’Asie
face au SARS et au MERS.
Un an après le début du confinement et dans une Europe
submergée, le retour au « Zéro Covid » impliquerait des
sacrifices immenses : « cette stratégie était envisageable au
mois de juillet et août.
Lorsque le virus circulait peu, on pouvait encore espérer
contrôler les chaines de contamination, déployer une stratégie de
tester-tracer-isoler aussi agressive que celle des pays qui
réussissent bien. Je ne pense pas que nous en soyons capables
aujourd’hui ». Aujourd’hui, pour y parvenir « il faudrait
d’abord imposer un confinement strict et long, puis mettre en place
une politique très efficace d’isolement et de recherche des sources
de contamination ». Or, les études d’opinion démontrent bien
que l’acceptabilité d’un confinement généralisé strict a fortement
reculé les derniers mois partout en Europe.
Le piège de Tocqueville
Le cas de la République Populaire de Chine montre bien aussi
que la stratégie du « Zéro Covid » implique une gestion
autoritaire de la crise. Ainsi, en Europe, la mise en place de
tests obligatoires, même dans le cadre d’un confinement, pose des
problèmes juridiques et éthiques majeurs. L’absence de caractère
obligatoire des tests et / ou de l’isolement explique d’ailleurs
les échecs des campagnes de tests menés à Liverpool, au Havre ou
encore en Slovaquie.
De même, en France, l’isolement imposé aux patients contre
leur gré constitue une mesure de sureté qui nécessite
l’intervention du juge judiciaire. Obstacle constitutionnel qui
rend en pratique extrêmement difficile la mise en place d’une
quarantaine efficace.
Enfin, on note que la stratégie adoptée par la Chine, la
Nouvelle-Zélande et l’Australie implique une approche micro-locale
qui, paradoxalement, risque de réduire l’acceptabilité des mesures.
Dès le dix-neuvième siècle, Tocqueville décrivait ainsi le paradoxe
qui conduisait les français à préférer des mesures « injustes
mais appliquées à tous » plutôt que des mesures « efficaces
mais inégalitaires ». L’approche territoriale envisagée dans un
premier temps par le Premier Ministre Jean Castex après sa
nomination a volé en éclat au moment où le gouvernement a tenté
d’imposer à Marseille des restrictions différentes de celles mises
en place à Paris.
Pourquoi les gouvernements n'ont jamais rien fait pour arriver au : -zéro grippe -zéro cancer -zéro suicide -zéro crise cardiaque... Avec toutes ces âneries, ils finiront bien par arriver au zéro vie, zéro économie et zéro avenir pour la jeunesse ! Mais nos milliardaires seront plus riche que riche… (et pour info, les médecins, réveillez vous : vous ne faites pas partie de l'élite mais du peuple !). Tout cela pour un virus qui épargne 99,85 % de la population !
Zahia Chardin
La vraie mauvaise publication
Le 04 février 2021
Bendavid E, Oh C, Bhattacharya J, Ioannidis JPA. Assessing mandatory stay-at-home and business closure effects on the spread of COVID-19. Eur J Clin Invest. 2021 Jan 5:e13484 doi: 10.1111/eci.13484
Le titre était alléchant, l'équipe illustre (Stanford), la comparaison tentante : France, Angleterre, Iran, Pays-Bas, Italie,Espagne , USA versus Suède et Corée du Sud ! La conclusion sans appel risque d'être reprise par les plus "rassureux" : Pas de bénéfice sanitaire aux mesures les plus restrictives
SAUF QUE : Moultes biais, erreurs méthodologiques, reprise partielle d'une modélisation non citée au grand dam de leur auteur, Stratégies PCR peu testantes (Suède), omission des publications contradictoires dans la discussion ... Les choses ont fort bien été décryptées cette semaine dans Libé par un simple journaliste au travail d'investigation remarquable (F Gouthière). Auteurs illustres (4ième signataire) mais qui tombent, même eux, dans le piège bien classique de la démonstration par l'hypothêse en transformant de manière assez malhonnête une "publication" en tribune in finé partisane, ultralibérale.
Ainsi et à nouveau Mme Chardin, loin de vos références au "Peuple" , entre "rassureux" et "inquiéteux", il reste probablement une place pour les Factueux.
Les sud-coréens (Durée record de fermeture des écoles), les taiwanais (Non membre de l'OMS) nous rappellent aussi une chose : Comme Israël , ils ne peuvent se permettre une défaite sanitaire ou ... militaire.