L’excision désormais interdite en Gambie

Paris, le vendredi 15 janvier 2016 - Depuis le premier texte, que l’OMS a publié en 1977 avec l’UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), l’engagement international va croissant pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines (MGF). En 2008, une déclaration résumait les recherches sur les causes de la persistance de cette pratique, sur les moyens d'y mettre fin et sur ses effets néfastes pour la santé des femmes, des jeunes filles et des nouveau-nés. En 2012, l’assemblée générale des Nations Unies
signait enfin une résolution sur leur élimination.

Les progrès viennent aussi de la médiatisation, de la mise en place d'organes de surveillance internationaux, des révisions des cadres juridiques avec une volonté politique croissante pour mettre fin à ces pratiques d’un autre âge, notamment l’adoption de lois contre les MGF dans une vingtaine de pays africains, ainsi que dans des pays industrialisés accueillant des immigrés originaires de ces pays, dont la France.

Un impact potentiel énorme

Les trois quarts environ de la population féminine gambienne sont concernés par les MGF, c’est dire l’importance de l’annonce de l’interdiction de l’excision, fin 2015, par le président de ce petit pays enclavé dans le Sénégal. Arrivé au pouvoir en Gambie en 1994 par un coup d’Etat « non sanglant », Yahya Jammeh, qui dirige depuis (d’une main de fer, dit-on) ce pays à majorité musulmane, a précisé vouloir protéger les fillettes et décrit sa décision comme l’aboutissement de ses réflexions sur la justification de ces pratiques, qu’il n’a pas retrouvée dans l’Islam (ce sont en effet des pratiques traditionnelles que l’on retrouve également dans des cultures non musulmanes).
Cette décision « avec effet immédiat » (acte punissable au même titre que les coups et blessures volontaires) a été saluée dans le monde entier, même si certains se demandent combien de temps prendra la réelle disparition d’une telle « habitude » ancestrale en Gambie.

Plus de 125 millions de jeunes femmes seraient concernées en Afrique, Asie, et aussi dans les pays d’accueil de migrants comme la France, où il est rappelé régulièrement que les professionnels de santé doivent signaler non seulement l’excision s’ils la constatent, mais aussi le risque en cas de voyage « au pays ». Des associations comme GAMS* aident à l’information des familles sur les risques pour la santé, l’absence de fondement de ce geste et son interdiction en France comme, de plus en plus aujourd’hui, dans les pays d’origine des parents.

 

* http://federationgams.org/mutilations-sexuelles-feminines/les-textes-legislatifs/


 

Dr Blandine Esquerre

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