LFI relance le débat sur la réintégration des soignants non-vaccinés

Paris, le jeudi 17 novembre 2022 – La commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale a rejeté une proposition de loi visant à réintégrer les soignants non-vaccinés contre la Covid-19.

Réintégrer ou non les soignants qui ont refusé de se faire vacciner contre la Covid-19, la question revient régulièrement dans le débat depuis la mise en place de l’obligation vaccinale en septembre 2021 (cette question est d’ailleurs soumise en ce moment même à l’avis de nos lecteurs sur notre site). Le recul de l’épidémie de Covid-19, combiné au constat d’une faible protection contre la contamination conférée par les vaccins, ainsi que le manque criant de personnel soignant dans nos hôpitaux ont donné du grain à moudre aux partisans de la réintégration.

Une réintégration… payée par les riches !


A tel point que la députée LFI Caroline Fiat, aide-soignante de profession, a déposé devant l’Assemblée Nationale une proposition de loi visant à permettre le retour des soignants ayant refusé le vaccin. Cette proposition prévoit que les personnes suspendues pourront reprendre leur activité, à condition de respecter un protocole sanitaire consistant en la présentation d’un test Covid-19 négatif chaque jour. LFI oblige, la proposition de loi de Caroline Fiat prévoit que les tests et les équipements de protection individuelle seront pris en charge par l’Etat et financés par… une hausse de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Pour éviter toute accusation de positionnement antivaccin, le groupe LFI a tenu à rappeler que cette proposition de loi était essentiellement justifiée par la pénurie de personnel hospitalier après un été 2022 qui a été « l’un des plus difficiles à traverser pour le système de santé français » peut-on lire dans l’exposé des motifs de la proposition de loi.

Les députés LFI avancent quelques chiffres alarmants pour justifier leur position : « à l’AP-HP, près de 2 000 postes d’infirmières sont vacants de 20 à 30 % des blocs opératoires sont fermés faute de personnel ; au nouvel hôpital civil de Strasbourg, environ 300 lits seraient ainsi fermés pour manque de soignants ».

Une proposition contraire à la science et à l’éthique selon la majorité


Bien qu’il n’existe pas de chiffre officiel du nombre de soignants suspendus en raison de leur refus de se faire vacciner, il semble en réalité assez peu nombreux. Selon la Fédération Hospitalière de France (FHF), ils ne sont que 4 000 professionnels suspendus (dont 500 infirmiers) sur 1,2 millions d’agents. Début juillet, le ministère de la Santé avançait un chiffre de 12 000 professionnels suspendus, personnels administratifs compris. Mais « dans la période actuelle, la moindre personne manquante peut désorganiser une équipe, entrainer une fermeture de lit supplémentaire et augmenter encore la charge de travail des personnes en place » répond LFI.

Soumise à la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale ce mercredi, la proposition de loi a provoqué des débats houleux entre les députés. Les parlementaires de la majorité ont fustigé un texte contraire selon eux à la fois à la science et à l’éthique.

« Tout cela continue de nourrir le sentiment de méfiance vis-à-vis des vaccins, il faut rejeter ce texte qui met en cause non seulement l’obligation vaccinale mais aussi l’intérêt du vaccin » a lancé Charlotte Parmentier-Lecocq, députée Renaissance du Nord, tandis que Thomas Mesnier, médecin et député Horizons de la Charente, a dénoncé une proposition de loi allant « à l’encontre des données scientifiques actuelles ».

La HAS saisie pour avis


Le parti Les Républicains s’est lui montré plus divisé sur la question. Si le Pr Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine a estimé que l’obligation vaccinale devait être maintenue, notamment en prévision d’une éventuelle aggravation de l’épidémie, le député de l’Isère Yannick Neuder considère « qu’il ne faut pas tomber dans la caricature entre ceux qui croient en la science et ceux qui n’y croient pas ».

La proposition de loi a finalement été rejetée par la commission, mais sera tout de même débattue en séance publique le 24 novembre prochain. Rappelons que le ministre de la Santé François Braun, qui ne cache pas sa volonté de maintenir la suspension des non-vaccinés, a saisi au début du mois la Haute Autorité de Santé (HAS) pour un avis sur la question plus générale de l’obligation vaccinale des soignants. Le 22 juillet dernier, cette institution avait rendu un avis défavorable à la réintégration des soignants non-vaccinés.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (6)

  • Dura lex sed lex

    Le 17 novembre 2022

    Si l'on en vient à réintégrer les soignants suspendus pour refus de l'obligation vaccinale durant la pandémie (qui n'est pas derrière nous), il faudra amnistier tous ceux qui contreviennent aux lois et obligations et organiser un autodafé géant de tous les textes de loi créant des obligations.
    Ces ex-professionnels de santé ont fait le choix de s'exonérer de l'obligation légale et morale de se faire vacciner "dans l'intérêt du service et des patients"; ce choix doit être considéré comme définitif s'ils ne "rentrent pas dans l'obligation à laquelle ils se sont soustraits"... Alors on devra se passer d'eux définitivement puisqu'ils se sont trompés de métier.

    H.Tilly, IDE, MKDE

  • EBM meilleure que celle basée sur les lois ou les croyances.

    Le 18 novembre 2022

    En effet, pourquoi l'obligation vaccinale des professionnels de santé, instaurée dans 7 pays de l'UE (F, B, D, GR, H, I, LV), serait-elle nécessaire et plus efficace que l'absence de cette obligation dans les 20 pays qui n'ont pas fait ce choix ?
    Les systèmes de santé ne se sont pas effondrés, depuis la mise en place des équipements de protection individuelle et collective efficaces.
    Il reste donc, toujours et encore, à démontrer l'impact de ces mesures coercitives, basées sur les vaccins ne procurant pas d'immunité stérilisante, sur les infections nosocomiales et sur la mortalité des soignants sans facteurs de risques, voire sur l'absentéisme.
    Je suis impatient de connaître les preuves scientifiques au lieu des avis des politiques.
    Devons-nous nous laisser guider par des principes ou par la médecine basée sur les preuves ?

    Dr J Hambura

  • La science n'est pas un dogme

    Le 19 novembre 2022

    Cher Mr Tilly,
    Quand on voit qu'il est impossible de recevoir un vaccin Sanofi sans avoir été dosé Pfizer, ou quand on voit que la 4e dose n'est pas nécessaire aux triples dosés (qui en passant ont statistiquement été plus atteints du Covid que les uni et double dosés), et quand on récapitule la communication autour de la vaccination dont la validité des arguments a été mise à mal par les faits au fur et à mesure de l'évolution de l'épidémie, on peut interroger la science et avoir peut-être un peu plus d'humilité quant à pouvoir se prendre le droit de catégoriser qui a le droit d'exister en tant que soignant ou pas.
    Certains médecins ici ont exprimé leur avis et scepticisme par rapport à l'efficacité vaccinale d'après leur expérience personnelle, ce n'est pas anodin.
    Quant à l'argument du nombre de soignants suspendus, on n'y compte pas le nombre de soignants qui n'ont pas repris suite à une fin de cdd, de mission intérim. Ni ceux qui ont choisi de démissionner ou de partir en reconversion. Le nombre de soignants manquants à l'appel est bien plus nombreux que ce que les chiffres invoqués sont réellement.
    On ne parle pas non plus de la démission de, cadres dont j'entends parler, qui n'en peuvent plus de porter la démission des soignants sous leur responsabilité (la dernière m'a dit en avoir eu marre de devoir rester faire les soins de 17 à 20h parce que les soignants ne voulaient pas rester et la direction s'écrasait).
    Et surtout, ô surtout, l'on ne parlera surtout pas du tabou ultime des faux vaccinés qui sévissent dans le système de soins (et d'ailleurs, j'aimerais beaucoup connaître le vrai statut vaccinal des politiques), qui doit être non négligeable et qui prouve qu'en fait aucune statistique ne peut exploitée de manière fiable.
    D'ailleurs Alice Desbiolles avait pointé cela lors de son audition au Sénat le 8 Février dernier, indiquant que Santé Publique France fournissait des données de moins en moins précises et exploitables correctement. Mais effectivement ce genre d'infos ne percent pas dans les médias.
    Parlant de science elle dénonçait d'ailleurs l'absence de débat scientifique réel autour de ces questions, à savoir un vrai respect de ses contradicteurs et des opinions divergentes. Qu'un consensus n'existe pas sans la possibilité d'expression du dissensus.
    Sa conclusion était d'ailleurs que rien ne soutenait l'efficacité d'une immunité collective obtenue par la vaccination (d'ailleurs à chaque nouveau variant on nous dit qu'ils échappent de plus en plus au vaccin-mais si vous avez été vacciné avec l'ancienne souche vous pouvez travailler, si non vous n'avez pas droit aux nouveaux vaccins), et par contre elle disait que l'efficacité était reconnue en ciblant les populations vulnérables. Qui pour beaucoup, et j'en ai fait l'expérience professionnellement dans un poste dédié, restent souvent non repérées et donc sous les radars des systèmes de santé et donc sans accès au soin.
    Parfois il n'est pas inutile de se rappeler que la santé publique n'est pas l'extrapolation d'une pratique médicale du soin qui se devrait d'être individualisée selon les cas particuliers de chacun, mais une discipline à part entière.
    Et se rappeler que médecine (soin auprès d'un patient particulier), santé publique, et politique, sont trois champs distincts, qui peuvent se confondre mais doivent se penser clairement dans leurs rapports mutuels sous peine de dérives éthiques potentielles, nos politiques décidant de problèmes de santé n'ayant pour beaucoup aucune qualification ni expérience en la matière pour les penser vraiment.
    Je rappellerai aussi que les soignants suspendus ne sont en rien des ex-soignants, puisqu'il n'a été fait aucun choix politique écrit dans la loi de les licencier, et donc de leur permettre de chercher du travail ailleurs. Ils restent statutairement liés à leur employeur mais sans moyen de partir, sans salaire. Ce choix institutionnel les enferme dans un no mans land, simplement parce que l'on refuse que ces personnes puissent bénéficier du droit au chômage dont tout travailleur licencié bénéficie.
    Rien que cela montre un positionnement envers le personnel avec la même ambiguïté que le pass sanitaire, où en lieu et place d'assumer une obligation réelle, on l'a faite par la bande par des mesures indirectes contraignantes.
    Cela a-t-il à voir avec la science, avec la démocratie et avec le respect du droit du travail et de la liberté à disposer de soi-même ? C'est une question que je me pose et que je pose.

    L Saint-Martin, IDE

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