
Les différences interethniques d’incidence du mélanome uvéal sont bien documentées, les résultats du programme SEER (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du National Cancer Institute aux États-Unis, par exemple, ayant mis en évidence un ratio d’incidence Blancs/ Noirs de 18/1. Il n’en est pas de même pour le mélanome conjonctival et des auteurs new-yorkais ont entrepris de déterminer l’incidence du mélanome conjonctival dans différents groupes ethniques et en comparaison de celle des mélanomes de l’uvée et cutanéo-muqueux.
Ils ont analysé, pour la période 1992-2003, les données du programme SEER du National Cancer Institute, fournies par 13 registres des cancers couvrant environ 14 % de la population des États-Unis.
Au cours de cette période, 168 mélanomes conjonctivaux ont été
recensés dans ces registres.
Les taux d’incidence annuelle du mélanome de la conjonctive par
million d’habitants, ajustés sur l’âge, ont été calculés à
0,18 chez les Noirs (IC à 95 % 0,06-0,54), 0,17 (0,00-2,18) chez
les Amérindiens, 0,15 (0,005-0,35) chez les Asiatiques, 0,33
(0,17-0,62) chez les Hispaniques, et 0,49 (0,41-0,54) chez les
Blancs non hispaniques.
On retrouve donc des différences significatives d’incidence du mélanome conjonctival entre populations blanches et noires ainsi qu’entre populations blanches et asiatiques (les différences entre populations noires et asiatiques n’étant pas significatives). L’odds ratio, OR, pour le risque de mélanome conjonctival, en comparaison des Noirs, est de 2,72 (IC à 95 % 1,07-6,89) chez les Blancs non hispaniques, de 1,80 (0,62-5,21) chez les Hispaniques, de 0,79 (0,24-2,64) chez les Asiatiques, et de 0,90 (0,10-7,78) chez les Amérindiens.
Globalement, le ratio d’incidence Blancs/Noirs pour le mélanome de la conjonctive est de 2,6/1, bien moins élevé que pour le mélanome uvéal (18/1) et que pour le mélanome cutané (de 13/1 à 26/1), mais semblable à celui relevé pour le mélanome muqueux (de 2,2/1 à 2,3/1).
Les auteurs, s’interrogent sur les similitudes et les différences d’incidence interethniques observées pour les différents mélanomes, selon l’exposition aux rayonnements ultraviolets notamment, sans conclure. Mais ils incitent à considérer chaque type de mélanome comme une entité différente, appelant des études indépendantes pour éclaircir les mécanismes pathogènes sous-jacents.
Dr Claudine Goldgewicht