
L’impact physique, socio-économique et psychologique des lombalgies est très important. Leur prévalence au cours d’une vie serait comprise entre 50 % et 90 % et le coût économique est énorme. Les travaux réalisés tendent à montrer que les lombalgies chroniques sont pour près de la moitié d’entre elles à composante principalement neuropathique (sciatiques, radiculalgies par hernie discale ou claudication neurogène par sténose canalaire). Les infiltrations épidurales de corticostéroïdes sont alors plus efficaces que pour les lombalgies purement mécaniques. Certains traitements médicamenteux ont aussi démontré leur efficacité dans ces lombalgies chroniques d’origine neuropathiques. C’est le cas de la gabapentine.
Le British Medical Journal publie les résultats d’un essai randomisé multicentrique, portant sur 145 sujets souffrant de douleurs de lombosciatique, chronicisées, mais d’une durée toutefois inférieure à 4 ans, et secondaires à une hernie discale ou une sténose canalaire. Les sujets étaient randomisés en deux groupes, recevant, soit une infiltration épidurale de corticostéroïde et des comprimés de placebo (n = 73), soit une infiltration de placebo et des comprimés de gabapentine (n= 72). Les résultats étaient évalués par une estimation de la douleur sur une échelle de 0 à 10.
Après un mois, il n’existe pas de différence significative en terme de réduction de la douleur entre les deux groupes (-2,2 avec l’infiltration et -1,7 avec la gabapentine ; différence ajustée 0,4 ; intervalle de confiance à 95 % – 0,3 à 1,2). L’évaluation réalisée à 3 mois ne donne pas non plus de résultat significatif en faveur de l’un ou l’autre traitement (-2 vs -1,6 ; différence ajustée 0,3 ; - 0,5 à 1,2). Les infiltrations semblent toutefois plus efficaces sur les douleurs les plus intenses des membres inférieurs, mais cette différence n’est que transitoire et disparaît lors de l’évaluation à 3 mois. Il n’est pas retrouvé non plus de différence d’efficacité entre les deux types de traitement selon l’étiologie de la douleur, sa durée, la présence de troubles psychiatriques ou d’obésité, non plus que selon la dose de gabapentine ou le type d’infiltration (foraminale pour les douleurs unilatérales ou interlaminaire pour les douleurs bilatérales).
Dans ces conditions, les auteurs estiment que le traitement médicamenteux est une option de première ligne tout à fait acceptable chez de tels patients. Plusieurs réserves peuvent toutefois être émises sur la méthodologie de cette étude et l’on peut objecter notamment qu’une seule infiltration ait été réalisée, ce qui est rarement le cas dans la pratique.
Dr Roseline Péluchon