Les femmes enceintes atteintes de lupus ont un risque accru
d’accouchement prématuré (AP) et l’activité de la maladie est le
meilleur facteur prédictif d’AP. Pour autant, un tiers de ces
patientes accouche prématurément en l’absence de toute activité de
la maladie.
La prévention de l’AP est un « challenge » obstétrical car les
interventions doivent être initiées à mi gestation, bien avant
l’apparition des manifestations cliniques.
Par conséquent, il est particulièrement important d’identifier tôt
les facteurs de risque d’AP.
Dans ce travail américain, les auteurs ont souhaité savoir
si, l’activité de la maladie, l’inflammation, la santé
placentaire et la fonction rénale étaient des facteurs prédictifs
d’AP.
Trente-neuf femmes atteintes de lupus (40 grossesses) ont été
incluses dans l’étude.
Toutes ont bénéficié d’évaluations cliniques et biologiques (VS,
CRP, férritinémie, uricémie, C3,C4, anticorps anti DNA, taux
sérique d’œstradiol) à mi gestation entre 20 et 28 semaines.
Au départ, 96 grossesses étaient suivies mais il y a eu 9 pertes
fœtales avant mi gestation, 38 femmes n’ont pas eu toutes les
visites de suivi requises et 9 ont été perdues de vue.
Deux grossesses ont abouti à une mort in utero entre 21 et 24
semaines.
Parmi les 38 naissances viables, 9 ont été prématurées.
L’AP a été spontané chez 3 femmes et provoqué chez les 6 autres
(hydramnios, anomalies des bruits du cœur fœtaux, pré
éclampsie).
Le niveau d’activité de la maladie était faible à modéré chez
les 39 femmes incluses.
Le marqueur d’activité qui était corrélé avec accouchement
pré terme était le C4.
Ni la CRP, ni la vitesse de sédimentation n’étaient associées avec
le devenir de la grossesse.
On retrouvait par contre un lien entre férritinémie élevée et
risque accru d’AP. Il en était de même pour un niveau bas
d’œstradiol (r=0,44 ; p=0,01), lequel traduit un dysfonctionnement
placentaire.
Des taux d’acide urique sérique élevés étaient associés à l’AP,
mais pas significativement avec la pré éclampsie.
En conclusion, un taux d’œstradiol bas, une férritinémie et un
taux d’acide urique élevé semblent être des marqueurs
d’AP chez les femmes souffrant d’un lupus d’activité faible à
modérée.
Des études plus importantes sont nécessaires pour confirmer ces
résultats et surtout évaluer l’utilité clinique de la mesure de ces
différents paramètres prédictifs dans la grossesse des femmes
lupiques.
Dr Juliette Lasoudris Laloux