
Paris, le vendredi 27 janvier 2023 – Le chef de l’Etat a promis de déployer deux exosquelettes par département pour venir en aide aux personnes handicapées ou en rééducation.
« Lève-toi et marche » aurait pu lancer notre jupitérien Président de la République. Pour l’inauguration de « Station debout » ce jeudi, un centre de recherche et de rééducation centré sur la robotique installé à Paris, Emmanuel Macron a pu assister à l’essai d’un exosquelette développé par Wandercraft, une start-up française. Grâce à cette machine, un ancien parachutiste de 22 ans, handicapé moteur depuis qu’il marché sur une mine au Mali il y a deux ans, a pu faire quelques pas sous les yeux ébahis du chef de l’Etat et des ministres qui l’accompagnaient. « C’est plutôt intuitif et très simple, je n’effectue aucun effort, ça fait du bien de voir des personnes à la même hauteur que soi » a commenté le jeune vétéran.
Dans la foulée de cette démonstration, Emmanuel Macron a dévoilé son plan pour renforcer l’utilisation des exosquelettes, ces structures mécaniques robotiques qui permettent de doubler le squelette humain. Le chef de l’Etat a ainsi annoncé que son objectif était que chaque département possède deux exosquelettes, qui seront utilisés dans des centres de soins médicaux et de réadaptation (SMR), avec une livraison qui démarrera à partir du mois de juillet.
Actuellement, pas plus d’une vingtaine d’exosquelettes médicaux sont utilisés dans nos établissements de santé. Emmanuel Macron a également annoncé que le service de santé des armées se procurerait des exosquelettes pour les blessés de guerre : il n’en possède pour l’instant qu’un seul, aux Invalides.
Un petit bijou technologique à 180 000 euros
Créé par trois polytechniciens en 2012, Wandercraft est l’un des leaders sur le marché des exosquelettes médicaux, en pleine expansion depuis une dizaine d’années. Son exosquelette Atalante est un petit bijou de technologie : protégé par 30 brevets internationaux, il est animé par 12 moteurs qui chacun reçoivent plus de 1 000 ordres par seconde pour reproduire la locomotion humaine. « C’est le premier exosquelette de marche auto-équilibré, qui ne demande pas au patient de s’appuyer sur des béquilles pour éviter de tomber » explique Mathieu Masselin, directeur général et cofondateur de Wandercraft. Ce jeudi, la Food and Drug Administration (FDA) a autorisé l’utilisation d’Atalante aux Etats-Unis pour accélérer la rééducation des patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Atalante coûte tout de même la modique somme de 180 000 euros. Emmanuel Macron a donc promis d’investir 10 millions d’euros pour pouvoir acquérir ces exosquelettes, sans vraiment préciser si cette somme sera prélevée sur le budget de la Sécurité Sociale ou si elle constituera un budget autonome. Par ailleurs, Wandercraft a également annoncé son intention de créer une usine d’exosquelettes en France d’ici 2030.
Le rêve de l’exosquelette personnel
Pour le moment, ces dispositifs ne sont utilisés que dans des centres de rééducation pour des patients lourdement handicapés. Mais le chef de l’Etat espère qu’à terme ces machines pourront être utilisées « hors du milieu hospitalier » et pourront s’intégrer « dans nos stratégies territoriales avec la médecine de ville, le médical et la paramédical ». « L’objectif serait de permettre aux patients de poursuivre leur rééducation à l’extérieur avec du personnel dûment formé » explique le Dr Pierre-François Pradat, président de l’Institut pour la recherche sur la moelle épinière et l’encéphale (IRME).
« Le rêve ce serait d’avoir un exosquelette qui permettrait de se promener et d’aller faire ses courses dans la rue » poursuit le neurologue, « technologiquement, on n’est pas encore à ce stade, mais c’est un objectif à plusieurs années ». La société Wandercraft a d’ailleurs annoncé qu’elle allait investir 9 millions de dollars dans le développement d’un exosquelette personnel, qui pourrait accompagner tout un chacun dans sa vie quotidienne et notamment dans la réalisation des tâches pénibles et fatigantes. De quoi pouvoir travailler jusqu’à 64 ans sans problème.
Nicolas Barbet