
Paris, le vendredi 29 novembre 2019 - Après des années de
débats et de controverses, la loi du 6 décembre 2013 a autorisé «
la création à titre expérimental de maisons de naissance pour
une durée de deux ans ». Les textes prévoient que ces
structures doivent être situées à proximité immédiate d’une
maternité avec laquelle elles ont un « accès direct (…) sans
voie publique à traverser ».
Seules les parturientes ne présentant a priori « aucun
risque » de complications peuvent y accoucher. Ces « maisons
de naissance n’assurent ni l’hébergement des parturientes et de
leurs nouveau-nés, ni la prise en charge des urgences
obstétricales » et, en pratique, une sortie dans les
vingt-quatre heures est obligatoire. Dans la semaine suivant la
délivrance, trois visites de sage-femme et une d’un médecin (pour
le nourrisson) sont organisées.
Difficile comparaison
Un rapport sur les huit maisons de naissance expérimentales,
rédigé par un « groupe de recherche indépendant » constitué de six
spécialistes de santé publique de l’INSERM et du CNRS est dévoilé
aujourd’hui au Sénat pour nourrir de nouvelles discussions en vue
de pérenniser le dispositif.
Les auteurs signalent tout d’abord que ce système offre «
un niveau de sécurité satisfaisant ». Ces lieux « ont des
résultats comparables » aux maisons de naissance des autres
pays à niveau de vie élevé, avec notamment « des complications
maternelles peu voire très peu fréquentes » et « une très
faible fréquence d’interventions ».
Cette enquête a notamment étudié les cas de 649 femmes prises
en charge en 2018 dans ces structures. Elle constate que 99 % des
patientes respectent « les critères d’éligibilité », que «
506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et
ont accouché dans les maternités partenaires », soit 22 % du
total, en très grande majorité pour des situations de
non-progression du travail, ou pour une « prise en charge
médicamenteuse de la douleur ».
Parmi les femmes qui ont accouché en maison de naissance, «
on notait moins de 3% de rupture artificielle de la poche des
eaux, moins de 2% d’épisiotomies (...) et une position librement
choisie au moment de l’accouchement avec seulement 6% des femmes
allongées sur le dos », ajoute l’étude.
Par ailleurs, les complications maternelles (lésions sévères
du périnée, hémorragies sévères...) et chez les nouveau-nés «
ont été très peu fréquentes ». On déplore, néanmoins, un
décès d’enfant mais qui ne présentait pas de « facteur de risque
spécifique » qui aurait justifié un transfert vers la maternité
avant la naissance.
Les chercheurs soulignent toutefois que pour confirmer de
façon certaine la sécurité de ces lieux, il faudrait comparer un
groupe de femmes prises en charge en maison de naissance avec un
groupe de femmes de profil comparable ayant accouché en maternité.
Mais « ce groupe de comparaison n’existe pas à ce jour »
souligne à l’AFP Anne Chantry, épidémiologiste à l’Inserm, qui a
participé à la réalisation de l’étude.
F.H.