A ce jour, les publications consacrées à la maladie de
Creutzfeldt- Jakob sont relativement nombreuses, malgré les
écueils rencontrés : faible prévalence, évolution clinique rapide,
inadéquation des modèles animaux, limitation nécessaire des voies
d’administration des traitements… De plus, la maladie
du prion se caractérise par une grande variabilité des symptômes et
des formes. Ces différences dépendent, entre autres, de l’âge de
survenue de la maladie (de 45 à 65 ans en moyenne), du sexe, des
sous- types moléculaires et du génotype du codon 129 de la protéine
du prion (PrP). Or, en début d’évolution, les signes cliniques
observés ne sont pas spécifiques : modification du
comportement, adynamie, troubles du sommeil, puis ataxie,
myoclonies, anomalies du tonus musculaire…
Parmi les sous- types communs de la Prp, on peut distinguer 3
phénotypes. Au décours de la première forme de la maladie, on
décrit surtout des troubles précoces de la vision d’origine
corticale et une démence rapidement progressive. Le second type
d’atteinte se traduit par un flou visuel, des signes
cérebelleux et du tronc cérébral, tandis que dans la troisième
forme, la durée d’évolution est augmentée (1 an en moyenne) mais la
démence apparaît rapidement. Les différences séméiologiques se
manifestent à l’histologie par des aspects différents des dépôts de
protéine du prion.
Sachant que la prévalence mondiale de la maladie est de 1 à 2 cas sur 1 million, on comprend que le recrutement des patients pour les essais cliniques soit malaisé. De même, si l’on considère que l’évolution est de six mois à un an, voire deux ans, on comprend que le temps qui sépare la phase de suspicion et l’étape terminale dépasse à peine le délai d’obtention du résultat des différents tests. Il est également à noter que les échelles de mesure, utilisées dans d’autres démences, s’appliquent mal à cette maladie polymorphe.
Malgré ces différents obstacles, des progrès notoires de la connaissance de cette pathologie ont été réalisés, favorisés par l’étude du LCR et l’imagerie. Si l’on ne dispose pas encore de véritable thérapeutique dans ce domaine, on peut en ralentir l’évolution (grâce à la doxycycline, par exemple) et envisager l’usage d’une prophylaxie chez des sujets porteurs de certaines mutations génétiques. Cependant, la maladie de Creutzfeldt Jakob fait partie des pathologies orphelines, en dehors des grands enjeux de santé publique.
Dr Françoise Ponchie Gardelle