Matignon vient de mettre fin au débat qui divisait les politiques
au sujet des salles de consommation encadrée pour les usagers de
drogue, appelées plus prosaïquement « salles de shoot ». Depuis la
publication fin juin d'une expertise collective de l’Institut
national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), la
ministre de la Santé avait lancé l’idée d’une concertation sur
cette question, sans toutefois préciser de calendrier. Visiblement
favorable à l’ouverture des salles de consommation de drogue, afin
de mieux contrôler les ravages de la toxicomanie, Roselyne Bachelot
semblait s’inscrire dans le sillage de deux ex-ministres de la
Santé, de droite également, et pionnières dans la réduction des
risques (RDR) : Michèle Barzach pour la vente libre de seringues
(1987) et de Simone Veil pour les produits de substitution
(1994). Son projet s’est heurté hier à une fin de
non-recevoir de la part du premier ministre. Le bureau de François
Fillon indique que « la priorité de Matignon est de réduire la
consommation de drogue, non de l'accompagner, voire de l'organiser
». Il juge que les salles de consommation de drogue ne sont donc «
ni utiles, ni souhaitables ». Dans le monde politique, les partis
de gauche (PS, Verts, PCF) et le Modem s’étaient dits « favorables
» envers un dispositif qui a fait ses preuves à l’étranger, tandis
que l'UMP se divisait entre les tenants de la répression et les
pragmatiques. Lundi, 14 députés UMP de la majorité avaient co-signé
un texte contre les « salles de shoot ». Le secrétaire général de
l'UMP, Xavier Bertrand, s'est également dit opposé à leur
ouverture. Mais des voix prônaient l'expérimentation : la
secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, ou Jean-Claude
Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille. Le président du Sénat,
Gérard Larcher, propose la création d'une mission parlementaire sur
les salles de consommation de drogue.
Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.