Paris, le jeudi 17 octobre 2019 - Ce mercredi au tribunal
correctionnel de Paris, le procès du Mediator était entièrement
consacré au témoignage d’Irène Frachon, la pneumologue brestoise
qui avait déclenché l'affaire en 2009.
C’est le dernier acte d’une croisade contre le Mediator qui
dure depuis maintenant douze ans. Ce mercredi au tribunal
correctionnel de Paris, Irène Frachon, pneumologue à Brest, a
raconté devant les magistrats, les avocats et le public son long
combat contre le laboratoire Servier, aujourd’hui sur le banc des
accusés pour avoir, entre 1976 et 2009, commercialisé le Mediator,
un médicament désormais considéré comme responsable de nombreux cas
de valvulopathies et de centaines de morts selon
l'accusation.
Si elle avait promis d’être "concise", il a tout de même fallu
sept heures à Irène Frachon pour raconter son histoire. Tout au
long de son témoignage, elle a tenu à vulgariser des questions
scientifiques parfois complexe tout en remettant les victimes du
Mediator, pour qui elle est devenu une véritable icône (des
applaudissements ont retenti dans la salle d’audience au début de
son témoignage), au centre des débats.
Un dossier de onze patients
Pour Irène Frachon, tout commence en 2007 quand elle reçoit
pour la première fois une patiente atteinte d’hypertension
artérielle pulmonaire (HTAP) qui prend du Mediator. Grâce aux
articles de la revue Prescrire, elle fait le lien entre le
benfluorex, le principe actif du Mediator et les fenflumarines.
Dans les années 1990, le docteur Frachon avait été témoin d’une
"épidémie" d' HTAP chez des patients soignés par Isomeride, un
médicament à base de fenfluramine, également commercialisé par
Servier et retiré du marché en 1997.
D’abord rassuré par les explications fournis par Servier,
Irène Frachon ne peut que constater l’augmentation des cas de
valvulopathie chez ses patients. En 2009, après deux ans d’enquête,
elle a pu constituer un dossier de onze patients établissant le
lien entre Mediator et valvulopathie.
Elle obtient alors le retrait du marché du
médicament.
« Je suis comme les victimes, inconsolable »
Mais le combat ne s’arrête pas là pour la pneumologue. Elle
souhaite informer le public et faire indemniser les victimes. En
2010, elle publie le récit de son enquête, un livre qui lui vaudra
un procès du laboratoire Servier. Grâce au soutien du ministre de
la Santé de l’époque, Xavier Bertrand, elle obtient la mise en
place d’une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales
(IGAS) qui aboutira à l’ouverture d’une information judiciaire et
donc au procès qui se tient aujourd’hui. Sur un ton plus polémique,
elle fustige ensuite le fonds d’indemnisation des victimes créé par
Servier, aux conditions trop drastiques, selon elle, et qui a pour
seul but, toujours selon elle, d’acheter le silence des
victimes.
Enfin, pour conclure son témoignage fleuve, le docteur Frachon
évoque son cas personnel et ce qui lui en a couté de s’opposer aux
laboratoires Servier. « J’ai eu le sentiment pénible d’être
traquée, comme si j’étais à l’origine d’une conspiration contre les
laboratoires Servier, alors que je ne faisais que mon travail
». « Je suis comme les victimes, à ce jour, je suis
inconsolable ».
J'ai été particulièrement déçue par votre titre, que j'ai trouvé aussi désinvolte (celle) que désobligeant (scandale). Quant au contenu, je l'ai trouvé affligeant sur la forme avec des termes comme discours fleuve et icône : - discours fleuve : oui il lui aura fallu 7 h pour raconter l'inimaginable, où comment tout le monde a couvert tout le monde, comment on a laissé mourir des milliers de victimes alors que la sonnette d'alarme avait été donnée dès le début des années 70 par le Dr Chiche (cardiologue à Marseille), comment Servier a osé commercialiser un "me too" de l'isoméride, lequel a entraîné des milliers de décès par HTAP... - icône : oui elle mérite d'en être une de par son courage, sa ténacité, sa clairvoyance...
Bravo chère Consoeur, vous avec mon infinie considération, je vous admire totalement ! Et j'aurais adoré qu'il en soit de même pour un journal médical tel que le JIM...
Dr Sophie Teboul
La réponse de la rédaction
Le 18 octobre 2019
Il s'agissait d'une allusion innocente au texte des Evangiles qui ne nous parait pas mériter une telle opprobre, de même que le terme icone est plutôt élogieux et que le pronom "celle" en écho aux paroles de l'évangéliste n'était évidement pas offensant.
La rédaction
Une question
Le 18 octobre 2019
Si on mettait tous les coupables, dans cette affaire, sur le banc des accusés, la salle serait trop petite
Une seule question: ce médicament a t-il été prescrit uniquement à des diabétiques obèses (son indication dans le VIDAL) ?