Paris, le mercredi 2 octobre 2019 - Ce mardi au procès du
Mediator, trois membres de l’Inspection générale des affaires
sociales (IGAS) ont délivré un témoignage très négatif pour les
laboratoires Servier.
Après une semaine de débats procéduraux, consacrés à des
questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) toutes rejetés
et à des exceptions de nullité renvoyés au délibéré, le tribunal
correctionnel de Paris a enfin pu s’attaquer au fond de l’affaire
du Mediator, dont le procès est prévu pour durer jusqu’en avril
prochain. Ce mardi, les juges ont entendu trois inspecteurs de
l’IGAS, auteurs d’un rapport de 2011 sur le Mediator, rapport qui
avait débouché sur l’ouverture d’une information judiciaire qui a
elle-même abouti au procès actuel.
Tout au long de leur audition, les témoins ont répété, peu ou
prou, les conclusions de leur rapport de 2011, à savoir que le
laboratoire Servier, aujourd’hui sur le banc des accusés, ne
pouvait ignorait d’abord « l'intérêt limité » puis
finalement la dangerosité du Mediator et qu’il a profité d’un
contrôle défaillant de la part de l’Agence nationale de sécurité du
médicament (ANSM, à l’époque l’Afssaps), également parmi les
prévenus, pour continuer à commercialiser ce produit envers et
contre tout.
Les inspecteurs ont notamment retracé l’histoire de la
commercialisation du Mediator, débuté en 1976 et qui, dès 1979,
était qualifié « d’adjuvant », sans « qualité
thérapeutique ». Ils ont notamment refait la liste des
nombreuses alertes qui auraient dû conduire au retrait du
médicament : en 1999, quand les premiers cas de valvulopathie et
d’hypertension artérielle pulmonaire sont signalés ; en 2005, quand
de nouveaux cas sont notifiés alors que Servier vient de
volontairement retirer le médicament du marché en Suisse, en Italie
et en Espagne ; puis en 2007, quand de nouveaux cas sont
rapportés.
Le doute profitait au médicament
Pour les inspecteurs, le laboratoire Servier a profité d’un
système de contrôle totalement favorable aux laboratoires de la
part de l’ANSM. « Le système fonctionnait en faveur de
l’industrie pharmaceutique » résume Aquilino Morelle, l’un des
auteurs du rapport et ancienne "plume" de François Hollande. «
Le doute profitait toujours au médicament, la vie du médicament
est prioritaire sur celle des malades » surenchérit Anne-Carole
Bensadon. Pour Aquilino Morelle, c’est la relation asymétrique
qu’entretient l’administration de la santé avec les laboratoires
pharmaceutiques qui a rendu cette catastrophe sanitaire possible.
Et c’est parce que le système était défaillant que « le salut est
venu de l’extérieur, des lanceurs d’alerte ».
Parmi les accusés, Jean-Philippe Seta, ancien numéro 2 de Servier,
a reconnu, au bord des larmes, que son entreprise avait commis des
"erreurs" mais conteste toute intentionnalité. Quant à l’ANSM, elle
a dors et déjà fait savoir qu’elle ne demanderait pas la relaxe,
reconnaissant que la décision de retrait du Mediator, survenu en
2009, a été « trop tardive ». Prescrit à près de 5 millions
de personnes comme coupe-faim entre 1976 et 2009, le Mediator
aurait, selon l'accusation, provoqué la mort de près de 4000
personnes (un chiffrage contesté par certains et qui le sera
probablement par les défenseurs).
L'État est plus coupable que Servier, c'est le patron de l'Afssaps quand même ! Et l'IGAS qui cause aujourd'hui aurait dû épingler l'Afssaps dès son premier rapport en 2001 en voyant l'inertie de toute la chaîne de responsabilité.
Dr François Chassaing
Prescription hors AMM
Le 02 octobre 2019
Il n'y a à ce jour aucun contrôle des prescriptions hors AMM. Cela continue avec deux médicaments en particulier le Lyrica et le Neurontin qui ont AMM pour les douleurs neuropathiques et qui sont prescrits dans 90% des cas dans des douleurs non neuropathiques.
Mêmes principes, les visiteurs médicaux mentent aux médecins non spécialistes que ces médicaments sont utiles pour les douleurs de nerfs qui n'ont aucun lien avec les douleurs neuropathiques. cela continuera tant que les autorités n'exerceront pas leur rôle.