Médicament : quand ce qui est cher est rare

Colmar, le vendredi 17 juin 2022 – Les pharmaciens d’officine alertent sur leurs difficultés d’approvisionnement de certains médicaments onéreux.

Javaki de Novartis, Jinarc d’Otskuka, Venclyxto d’Abbvie ou encore Lonsurf de Servier : des médicaments vitaux pour certains patients et qui ont pour point commun d’être très couteux, pouvant valoir plus de 2 000 euros la boite. Ces produits essentiels se font actuellement de plus en plus rares dans les pharmacies alsaciennes. FSPF 68, branche de la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France dans le Haut-Rhin, alerte en effet depuis plusieurs jours à propos « de problèmes d’approvisionnement sur des médicaments très spécifiques et souvent très onéreux » rencontrés par plusieurs officines de la région.

Selon le syndicat local, ce début de pénurie est dû à la décision des laboratoires de ne plus passer par les grossistes répartiteurs et d’instaurer un système de distribution exclusif pour ces produits spécifiques. Les officines sont donc obligées de commander les médicaments directement auprès du laboratoire, procédure à la fois longue et complexe puisque les pharmaciens doivent appeler le laboratoire, confirmer la commande par mail et même parfois faire valider la commande via une autre adresse mail, avec signature et renseignement du numéro d’Ordre. Autres défauts de la commande en direct, le médicament n’est livré que 24 à 72 heures après validation de la commande et aucune livraison n’est assurée le week-end. Enfin, via cette procédure, le laboratoire refuse toute reprise du médicament, empêchant l’officine d’anticiper la demande.

L’ARS peut-il contraindre les laboratoires ?

Selon FSPF 68, les laboratoires doivent cesser d’utiliser ce système et de nouveau passer par les grossistes répartiteurs, comme c’est le cas pour l’immense majorité des médicaments autorisés. Le système des répartiteurs « permet un mode de commande automatisé (pas besoin de contact téléphonique ou de mail), un approvisionnement en maximum 24 heures et surtout la reprise du médicament si le patient change de traitement, ce qui permet à l’officine d’anticiper la commande » explique le syndicat local. Il a d’ailleurs adressé un courrier à l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Alsace, qui dispose selon lui du pouvoir de contraindre les laboratoires de passer par les grossistes répartiteurs.

Ce n’est cependant pas l’avis de Philippe Besset, président de la FSPF. Selon lui, l’ARS ne dispose pas d’un tel pouvoir. « Seul un changement du Code de la Santé Publique le permettrait et nous l’avons demandé à plusieurs reprises » affirme-t-il. Estimant que le problème n’est pas nouveau et existe en réalité partout en France, le pharmacien appelle le gouvernement à agir. « Nous ne voulons pas que disparaisse la possibilité de commander en direct mais qu’il existe un double circuit, c’est-à-dire la possibilité de toujours disposer de la commande via le grossiste » explique-t-il.

Nicolas Barbet

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