MG France lance sa grève du zèle

Paris, le mardi 24 janvier 2023 – Le syndicat de généralistes appelle ses adhérents à mettre fin aux « heures supplémentaires » pour protester contre la loi Rist et la menace d’un retour de l’obligation de garde.

Deux semaines après la fin de la grève des médecins libéraux, le combat continue pour les praticiens de ville qui multiplient les actions pour exprimer leur inquiétude quant à l’avenir de la profession. Après la CSMF et la SML, qui ont tous deux lancés un mouvement de grève de la permanence de soins ambulatoires (PDSA), c’est au tour de MG France de lancer une sorte de grève du zèle. Ce lundi, le syndicat des généralistes a appelé ses adhérents à dire « non aux contraintes et aux heures supplémentaires ».

Cet « appel à la résistance » face au « démembrement du métier de médecin généraliste traitant » doit se traduire concrètement par une grève de la PDSA « sans repos compensateur indemnisé », un boycott de la participation au service d’accès aux soins (SAS) et la fermeture des cabinets en soirée et le samedi matin. Un mouvement qui démarre dès ce lundi selon le Dr Margot Bayart.

« Cela fait des années qu’on fait 55 heures par semaine, désormais notre slogan c’est prenez soin de vous car personne ne le fera à votre place » explique la vice-présidente de MG France, qui ne supporte plus que les autorités imposent aux médecins des « contraintes toujours plus rudes et des perspectives toujours plus étriquées ». Elle appelle ses confrères à « ne pas se mettre en risque personnel en travaillant trop ». « La santé des patients passe par la santé de leurs médecins généralistes traitants » avance la généraliste.

Haro sur la loi Rist

MG France, tout comme la CSMF, n’avait pourtant pas participé au mouvement de fermeture des cabinets de décembre-janvier, critiquant la revendication visant à élever à 50 euros le tarif de la consultation. Mais c’est la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist, actuellement examinée au Parlement, qui a poussé le premier syndicat des généralistes à entrer dans le combat. Cette loi, qui prévoit de permettre l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA), aux kinésithérapeutes et aux orthophonistes et qui ouvre la primo-prescription aux IPA, est perçue par MG France comme une menace de « démembrement du métier de médecin généraliste traitant ».

La semaine dernière, deux amendements à la proposition de loi Rist votés à l’Assemblée Nationale à la demande du gouvernement ont mis le feu au poudre et ont aggravé encore un peu plus les relations déjà tendus entre l’exécutif et les syndicats de médecins libéraux.

Le premier consiste à entériner la mise en place du « contrat d’engagement territorial », un dispositif proposé par la CNAM visant à inciter les médecins à s’engager pour améliorer l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Un « contrat » rejeté en bloc par les syndicats, qui ont quitté la table des négociations conventionnelles jeudi dernier, en protestation contre ce qu’ils perçoivent comme un contournement du processus de discussion paritaire par le Parlement. Le second amendement vise à créer un principe de « responsabilité collective de la permanence des soins » des médecins. Pour les syndicats, cela consiste ni plus ni moins qu’à rétablir l’obligation de garde pour les généralistes, abolie en 2002.

Bientôt une action collective des syndicats ?

« Les négociations sont toujours tendues mais cette fois le gouvernement est à la manœuvre par-dessus la tête de la CNAM et veut réduire le dialogue conventionnel à discuter de la couleur de la laisse qu’on passe au col des généralistes » s’insurge MG France. « Nous n’avons jamais connu une période où se menaient de façon concomitante la négociation d’une nouvelle convention médicale et l’examen de projets de lois impactant lourdement l’exercice des médecins libéraux » résume le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généralistes de la CSMF, comme pour insister sur la gravité de la situation.

MG France appelle désormais à la tenue d’une réunion intersyndicale pour « préparer la suite de la riposte » et organiser une « action commune d’envergure », un appel à l’union déjà relayée par la CSMF. De son côté, la CNAM invite les syndicats à revenir à la table des négociations et se dit « disponible pour une reprise des discussions ».

En vain pour le moment.

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • MG France et le zèle

    Le 29 janvier 2023

    Jusque ici MG France a été silencieux et accepte et signe, inacceptable.

    Dr B Lebourgeois

Réagir à cet article

Les réactions sont réservées aux professionnels de santé inscrits et identifiés sur le site.
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.


Lorsque cela est nécessaire et possible, les réactions doivent être référencées (notamment si les données ou les affirmations présentées ne proviennent pas de l’expérience de l’auteur).

JIM se réserve le droit de ne pas mettre en ligne une réaction, en particulier si il juge qu’elle présente un caractère injurieux, diffamatoire ou discriminatoire ou qu’elle peut porter atteinte à l’image du site.