
La diversification est l’introduction d’aliments solides ou liquides, autres que le lait de mère ou une préparation de lait de vache, dans l’alimentation du nourrisson. Le régime « diversifié » doit couvrir les besoins nutritionnels d’un organisme en croissance et en développement rapides. Basées sur des études postérieures à 2008, les nouvelles recommandations de l’ESPGHAN, la Société européenne de gastroentérologie, d’hépatologie et de nutrition pédiatriques, ont pour but d’aider les professionnels de santé et les parents à procurer une nutrition adéquate et à inculquer de saines habitudes alimentaires aux nourrissons, tout en tenant compte des pratiques culturelles, des préférences maternelles et des aliments disponibles. Elles s’adressent à des nourrissons nés à terme, bien portants, vivant en Europe, qu’ils soient allaités ou nourris avec un lait « 1er âge ».
Quand commencer la diversification ?
La diversification alimentaire doit débuter entre 4 et 6 mois, pas plus tôt ni plus tard, les apports de fer et de calories par le lait de mère pouvant s’avérer insuffisants au-delà de 6 mois. L’allaitement est à continuer pendant la diversification, bien qu’il ne semble pas protéger des allergies alimentaires, de la maladie coeliaque ou de l’obésité. En tout cas, le lait de vache entier, trop riche en protides et en calories, est déconseillé comme boisson principale avant 12 mois.
Quels aliments introduire ?
Il faut proposer un régime varié aux nourrissons, comprenant des aliments de saveurs et de textures diverses. Les légumes verts à goût amer y ont leur place.
Aucun aliment n’est interdit, à 2 exceptions près : le miel avant 1 an, à cause du risque de botulisme, et le fenouil en infusion ou en solution huileuse jusqu’à 4 ans, parce qu’il contient de l’estragole, un cancérogène génotoxique (EMA, 2008).
On ne gagne rien à repousser l’introduction des aliments potentiellement allergisants et du gluten :
- chez les nourrissons à haut risque d’allergie à l’arachide
(eczéma sévère et/ou allergie à l’œuf), l’arachide doit être
introduite entre 4 et 11 mois (étude LEAP), par ex. sous forme de
beurre doux de cacahuète, après une évaluation par un
spécialiste.
- le gluten peut être introduit entre 4 et 12 mois sans que le
risque de maladie coeliaque soit accru, mais en petites
quantités.
L’apport de fer doit être suffisant. Il peut être assuré par des aliments naturellement riches en fer, tels que la viande, des aliments enrichis en fer, ou un supplément de fer.
On s’abstiendra de rajouter du sucre et du sel dans les aliments et de donner à boire des jus de fruits et des boissons sucrées.
Les régimes végétariens et végétaliens imposent une surveillance médicale et diététique afin que les nourrissons reçoivent des quantités adéquates de vitamines B12 et D, fer, zinc, folates, acides gras polyinsaturés à chaîne longue oméga-3, protéines et calcium.
Comment procéder ?
Les nouveaux aliments sont d’abord présentés sous forme de purée et donnés « à la cuillère ». Il faut passer ensuite à la consistance grumeleuse et aux morceaux, et à la prise des aliments avec les doigts et à l’auto-alimentation. Les purées ne doivent pas être continuées au-delà de 8-10 mois. A partir de 12 mois un nourrisson doit boire au verre plutôt qu’au biberon.
L’alimentation doit être réglée sur la faim du nourrisson et ne pas être utilisée par les parents pour calmer l’enfant ou le récompenser.
Dr Jean-Marc Retbi