Le rotavirus est l’agent pathogène le plus souvent rencontré dans les gastro-entérites aiguës de l’enfant. Avant la vaccination, ce virus était à l’origine de 528 000 décès par an chez les enfants de moins de 5 ans. En 2006, les deux premiers vaccins dirigés contre ce rotavirus ont été mis sur le marché et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé leur utilisation systématique en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Australie et en Europe. Depuis, la vaccination universelle a été préconisée, au vu des résultats obtenus, et désormais ce sont plus de 100 pays qui l’ont incluse dans leur programme national de vaccination. La mortalité induite par ces infections ne cesse de baisser, du fait d’une prise en charge thérapeutique plus efficace, le rôle de la vaccination étant probable quoique difficile à dissocier du facteur précédent. Quel est l’impact de cette dernière sur le nombre d’hospitalisations liées aux gastro-entérites aiguës à rotavirus ? Une question pertinente car, plus que la mortalité, il s’agit d’un critère d’efficacité plus spécifique.
Plus de cinq cent mille hospitalisations évitées en 2019
Une revue systématique de la littérature internationale à partir de la base de données Pubmed a permis de sélectionner 32 articles parmi 4 590 publications enregistrées entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2019. C’est ainsi qu’ont été déterminés : (1) le nombre annuel d’hospitalisations imputables aux rotavirus, chez des enfants âgés de moins de 5 ans ; (2) le nombre d’hospitalisations évitées par la vaccination telle qu’elle est pratiquée actuellement et par la vaccination universelle qui se profile à l’horizon. Les données ont été recueillies région par région au terme d’une surveillance active, avant et après l’instauration de la vaccination, en tenant compte des taux de mortalité et des hospitalisations.
Le nombre d’hospitalisations liées aux rotavirus en 2019 a été globalement estimé à 1 760 113 (écart interquartile [EIQ]: 1 422 645-2 925 372). Au total, la vaccination a permis de prévenir globalement 524 871 hospitalisations (EIQ: 415 987-814 835) cette année-là. Avec la vaccination universelle et l’augmentation de la couverture vaccinale, ce sont 751 609 (EIQ: 607 671-1 318 807) hospitalisations qui pourraient être évitées chaque année à l’échelon mondial.
Cette analyse et ces projections sont à l’évidence approximatives. Elles ne donnent qu’une idée du bénéfice attendu de la vaccination anti-rotavirus universelle chez les enfants âgés de moins de 5 ans. Elle s’inscrit néanmoins dans les orientations annuelles qui tendent à préconiser un recours de plus en plus large à cette vaccination, certes dans les pays émergents où le tribut payé à ces infections est le plus lourd, mais aussi en Europe où il n’est pas pour autant négligeable.
Dr Philippe Tellier
