Mortalité : pas de retour à la normale en 2022

Paris, le lundi 16 janvier 2023 – Malgré le recul de l’épidémie de Covid-19, la mortalité est restée à des niveaux identiques en 2022 par rapport à 2020 et 2021.

L’année 2022 restera comme celle du retour à « la vie d’avant », celle où la Covid-19 est sortie de nos vies après deux ans de lourdes restrictions de liberté. Grâce à la vaccination de masse et à l’arrivée d’Omicron, un variant moins pathogène, la Covid-19 a perdu de sa gravité. On aurait donc pu s’attendre qu’après des années 2020 et 2021 marquées par une forte mortalité, 2022 soit celle d’un retour à la normale sur ce point également. Il n’en est rien.

Ainsi, selon les chiffres publiés par l’Insee le 6 janvier dernier, 654 492 personnes sont mortes en France toute causes confondues entre le 1er janvier et le 24 décembre, soit 8,9 % de plus (53 600 décès supplémentaires) qu’en 2019. L’Insee précise que ces données ne sont pas consolidées et que le nombre de morts réel en 2022 est sans doute légèrement supérieur. La mortalité en 2022 est ainsi identique à celle de la première année d’épidémie en 2020 (- 0,1 %) et légèrement supérieure à celle de 2021 (+ 1,2 %, soit 8 000 morts supplémentaires).

38 400 morts de la Covid-19 en 2022

Plusieurs éléments permettent d’expliquer ce maintien de la mortalité à un niveau élevé, malgré le recul de la pandémie. Tout d’abord, le vieillissement de la population provoque une hausse naturelle et continue de la mortalité depuis 2006. Ainsi, en 2021, où l’on a déploré 39 000 morts supplémentaires par rapport à 2019, 23 000 de ces décès ont été considérés comme liés au vieillissement de la population.

Ensuite, si l’épidémie de Covid-19 ne fait plus les gros titres, elle a continué de faire des ravages en 2022 : 38 400 personnes sont mortes de la Covid-19 en France cette année, contre 64 400 en 2020 et 59 100 en 2021. Enfin, l’année 2022, la plus chaude jamais enregistrée dans notre pays, a été marquée par des épisodes de canicules meurtrières : 10 400 décès en excès par rapport à 2019 ont été recensés durant l’été 2022, dont 3 000 durant les épisodes caniculaires, même s’il est « très compliqué de faire la part des choses entre les décès dus à la Covid, ceux dus à la canicule et les autres » indique Sylvie Le Minez, chef de l’unité des études démographiques de l’Insee. L’été 2022 a ainsi été bien plus meurtrier que les été 2020 (+ 9,1 %) et 2021 (+ 6,2 %).

Pas d’ « effet moisson » en 2022

L’année 2022 aura connu plusieurs pics de mortalité anormaux. En janvier-février, lorsque la première vague Omicron a coûté la vie à 15 000 personnes, la mortalité a été bien supérieure (+13,7 %) à ce qu’elle était en 2020 à la même période, alors que la grippe saisonnière avait été assez faible et que le SARS-Cov-2 n’était pas encore arrivé en France. Outre durant l’été, la mortalité a également fortement augmenté en fin d’année, en raison de la combinaison des épidémies de grippe et de Covid-19 et de la désorganisation dans les hôpitaux : 2 250 personnes sont mortes chaque jour en France en décembre 2022, soit autant qu’à la même période en 2020 en pleine deuxième vague de Covid-19.

Ces chiffres conduisent à remettre en cause la théorie dite de « l’effet moisson », selon laquelle la majorité des victimes de la Covid-19 de 2020 et 2021 étaient des personnes fragiles qui seraient mortes « naturellement » en 2022 et les années suivantes. « On aurait pu imaginer que la Covid avait frappé les plus fragiles et donc qu’on aurait une baisse de la mortalité en 2022 par rapport à 2020, mais ce n’est pas le cas » constate France Meslé, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined).

« A cause du Covid, des personnes âgées sont mortes prématurément mais comme la population a vieilli, il continue à y avoir beaucoup de décès d’autres causes » explique Sylvie le Minez.

Grégoire Griffard

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Vos réactions (2)

  • Mortalité Covid

    Le 16 janvier 2023

    Les statistiques officielles montrent bien qu'il n'y a eu de surmortalité (standardisée) en 2020 que chez les plus de 80 ans (plus 4 %). L'effet moisson a bien eu lieu.
    Il faut donc chercher ailleurs l'explication d'une surmortalité en 2021 et en 2022. d'autant que celle-ci touche particulièrement les classes d'âge en dessous de 60 ans.
    Il est très intriguant de constater que la surmortalité sur ces deux années est proportionnelle au taux de vaccination et inversement proportionnelle au nombre de cas Covid. Cela est validé sur de très nombreux pays (cf Norman Fenton).

    Dr A Thomas

  • Covid

    Le 22 janvier 2023

    C’est faux, en 2020 il y a eu effet moisson chez les plus âgés, et surmortalité d’environ 60 000 personnes plus ou moins âgées, parfois jeunes, liée au SARS-CoV-2.vLa surmortalité des années suivantes peut s’expliquer par la canicule pour l’été 2022, et les retards de prise en charge ou mauvaises prises en charge des autres pathologies, cancéreuses notamment, liées à la désorganisation du système de soins.
    Mais quand on n'admettra jamais avoir eu tort, on préfèrera toujours la théorie du complot, à l’analyse complète de toutes les hypothèses.

    Dr E Lorier-Roy

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