
Toutes les complications des infections à gonocoques sont majorées quand ces germes deviennent résistants aux antibiotiques et cela vaut pour l’atteinte génitale dans les deux sexes, le risque d’infection par le VIH, l’impact sur la fertilité ou sur la grossesse, voire l’accouchement, sans oublier les localisations secondaires systémiques. Les gonorrhées partagent avec les autres IST bactériennes certains facteurs de risque classiques : nombre élevé de partenaires sexuels, homosexualité masculine, jeune âge ou encore faible niveau socio-économique. Dans les pays à haut revenu, le fait d’appartenir à une minorité ethnique est aussi un facteur de risque. N. gonorrhoeae est une bactérie douée pour la résistance aux classes d’antibiotiques les plus diverses, en raisons de mutations génétiques qu’elle peut acquérir au cours de son cycle de vie, et aussi de son aptitude à échanger des plasmides résistants avec ses congénères.
L’époque où la pénicilline triomphait aisément des gonorrhées
est bien lointaine et c’est dès 1976 que les premiers cas
d’antibiorésistance ont été rapportés, en Asie du Sud-Est et en
Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, aucune classe des antibiotiques
indiqués n’est réellement épargnée par ces phénomènes de
résistance.
Des facteurs de risque propres
Ces derniers compliquent le traitement curatif des infections à gonocoques, tout autant que le contrôle et la prévention des IST. A cet égard, se pose une question : les facteurs de risque associés aux gonorrhées sont-ils les mêmes que ceux présidant à l’émergence des résistances ? Il semble que non si l’on se réfère à une revue des 24 études épidémiologiques traitant du sujet, publiées entre 1989 et 2017. De fait, les infections à N. gonorrhoeae résistant sont plus fréquentes chez les sujets plus âgés ou âgés que chez les sujets jeunes. Il en va de même pour les homosexuels masculins, par rapport aux hommes et aux femmes hétérosexuels. Mais, c’est le contraire qui est observé dans certaines minorités noires, et aussi dans certains groupes ethniques, tels les Aborigènes, par comparaison avec la population en majorité blanche des pays à haut revenu. Il semble donc que les facteurs de risque favorisant les gonorrhées soient quelque peu différents de ceux associés à l’apparition de souches de N. gonorrhoeae résistant aux antibiotiques.Dr Philippe Tellier