
Paris, le mercredi 1er février 2023 — Neuf pharmacies de Bâle, en Suisse, participent à un essai pilote leur permettant de vendre du cannabis récréatif à 374 consommateurs réguliers. L’objectif est de suivre leur usage et de mesurer les effets de la vente légale sur leur consommation et leur santé. L’essai, qui aurait dû commencer en septembre dernier, a débuté le 30 janvier.
« Weed Care » : c’est ainsi qu’a été baptisé cet essai pilote d’un genre particulier auquel vont participer neuf pharmacies de Bâle, en Suisse. L’essai est à l’initiative du département de la santé de Bâle-Ville, des cliniques psychiatriques universitaires, des services psychiatriques du canton d’Argovie et de l’Université de Bâle.
374 personnes (dont 302 hommes), âgées de 18 à 76 ans, ont été recrutées spécialement pour en faire partie. Tous les participants sont des consommateurs réguliers de cannabis, drogue qu’il se procurait jusque-là sur le marché noir.
Deux groupes pilotes à l’observation
Les 374 volontaires ont été séparés en deux groupes : le premier peut d’ores et déjà se rendre en officine pour acheter du cannabis. Le second, en revanche, devra patienter jusqu’au mois de juillet et continuera donc à s’alimenter de façon illégale. Le but est d’observer et de comparer les effets sur les habitudes de consommation des deux groupes, en fonction qu’ils se fournissent sur le marché noir ou de façon légale.
Plus globalement, les organisateurs de l’essai pilote ont indiqué que tous les participants seront interrogés et suivis pour comprendre l’évolution de leur consommation. Leur santé physique et psychique sera également examinée tout au long de l’essai.
Quatre produits à base de fleurs de cannabis et deux produits à base de haschisch (résine de cannabis) sont disponibles, depuis lundi, pour les heureux élus faisant partie du premier groupe de participants. « Je suis très soulagé de pouvoir participer à l’étude », a déclaré l’un d’eux, consommateur régulier depuis 35 ans. « Il n’y a pratiquement plus que des trucs toxiques et coupés avec de la saleté synthétique », a-t-il expliqué à l’agence Keystone-ATS.
Un autre participant a indiqué qu’il était devenu très difficile de se procurer des « substances relativement propres » sur le marché noir. « Je vérifie tous les échantillons dans la ruelle avec un aimant pour détecter des traces de poudre de fer utilisée pour augmenter le poids », a-t-il expliqué. Il peut désormais se procurer du « Lemon Tart » ou du « Purple Gas » en pharmacie, des fleurs de cannabis par ailleurs garanties biologiquement propres.
Un premier pas vers la légalisation du cannabis récréatif ?
Pour l’heure, seul le cannabis médical est autorisé en Suisse. La vente à fin récréative n’est autorisée que pour les produits dont la teneur en THC est inférieure à 1 %. Depuis le 1er août 2022, les praticiens peuvent d’ailleurs prescrire du cannabis à des fins médicales.
L’étude « Weed Care » amènera donc peut-être vers une légalisation du cannabis récréatif en Suisse. Les participants ont d’ailleurs été sélectionnés parce qu’ils ne consomment qu’à fin récréative.
L’essai pilote, qui prendra fin en mars 2025, permettra aux autorités scientifiques et politiques de récolter des connaissances scientifiques qui seront utilisées pour engager un débat sur la politique suisse en matière de cannabis récréatif.
Raphaël Lichten