
Le manque d'activité physique (AP) et la sédentarité
représentent l'un des facteurs de risque de nombreuses maladies
chroniques. Les recommandations de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) sont de 150 minutes d'AP modérée ou de 75 minutes d’AP
intense par semaine pour un adulte. Or, les données
épidémiologiques de l’OMS font état d’un manque d’activité chez une
personne sur quatre, en moyenne, ce qui a motivé cette organisation
à mettre en place un plan d’action mondial sur l’activité physique.
Les objectifs de ce plan sont une réduction de l’inactivité
physique de 10 % d’ici 2025 et de 15 % d’ici 2030 (*).
Lutter contre l’inactivité sous un angle nouveau
Afin de le pallier à l’inactivité, de nombreux chercheurs ont
tenté d’évaluer évaluer les stratégies les plus adaptées mais ces
recherches se souvent limitées à une intervention à court terme,
déconnectée du monde réel, et en se fondant sur les données d'AP
auto déclarées plutôt que vérifiées. Une étude observationnelle
longitudinale, utilisant les données d’un programme d’incitation à
l’activité (Vitality) via une plate-forme au sein des
entreprises, a abordé la question différemment. L’équipe qui l’a
menée a cherché à mettre en évidence si l'engagement dans une AP
pouvait être, par la suite, associé à d'autres comportements
favorables pour la santé, tels qu’une alimentation équilibrée ou
une durée suffisante de sommeil.
Augmentation de l’AP dans les groupes faibles et modérés
Entre 2014 et 2017, ont été comparés les comportements de
santé des participants avant et après la participation à une AP
régulière (vérifiée et auto déclarée). Au total, 34 061
participants ont été recensés, d’âge moyen 42,0 ans (+/- 11,1) et
pour 43,7 % (14 881) de sexe masculin. La durée de participation
moyenne au programme était de 40,1 (+/- 12,6) mois, et le délai
médian jusqu'à la première AP était de 13,1 mois (+/-
6,6).
Initialement, la durée hebdomadaire de base d'AP était en
moyenne de 62,8 minutes (+/- 129,7), de 98 minutes (+/- 26,0) et de
282,9 minutes (+/- 230,0), respectivement, pour les groupes
faibles, modérés et élevés. Un an après le début de la pratique
d’une AP, une augmentation du temps d’activité hebdomadaire a été
observée, respectivement, pour le groupe faible de 156 % (de 40min
[IC à 95 % 28,6 à 51,0] à 102 min [IC à 95 % 94,5 à 109,8]); pour
le groupe modéré de 60 % (85,0 min [IC à 95 % 76,4 à 93,5] à 136
min [IC à 95 % 130,2 à 141,8]), et aucun changement n'a été observé
pour le groupe élevé.
L’AP augmentée améliorerait la nutrition et le sommeil
D’autres paramètres ont également évolué favorablement, les
individus présentant une augmentation de 26 % de leurs minutes
d'activité hebdomadaires, une augmentation de la portion
quotidiennes de fruits et légumes (passant de 2,7 à 2,9 en
moyenne), une diminution du score de stress de Kessler (passant de
17,4 à 17,0 en moyenne), une diminution des heures sédentaires (par
exemple devant un écran), passant de 11,3 (IC à 95 % 11,1 à 11,5) à
10,8 (IC à 95 % 10,7 à 11,0). De plus, la consommation d'alcool a
diminué de 1,8 unité hebdomadaire (IC à 95 % 1,7 à 2,0) à 1,6 (IC à
95 % 1,5 à 1,7), et le sommeil est passé de 7,1 heures par nuit (IC
à 95 % 7,06 à 7,16) à 7,2 (IC à 95 % 7,13 à 7,20).
Bien que sans groupe contrôle, cette étude semble suggérer que
la modification de la quantité d’AP peut favoriser la mise en place
d’autres comportements de santé adaptés. Elle favorise
l’augmentation de la consommation de fruits et légumes et la durée
de sommeil, et dans le même temps la diminution du temps de
sédentarité, la consommation d'alcool, ou encore le stress.
Utilisées dans la recherche ou en santé publique, ces données
pourraient permettre d’améliorer l’efficacité d’interventions
multi-comportementales ultérieures en modifiant la stratégie des
séquences d’intervention. D’autre part, ces données pourraient
aider à mieux cibler les messages des programmes de santé
publique.
Anne-Céline Rigaud