
L’obésité est une maladie chronique à part entière qui a des
conséquences d’autant plus importantes à l’échelon mondial, en
termes de morbi-mortalité, que son incidence ne cesse de croître
dans la plupart des pays et pas seulement les plus favorisés.
L’insulinorésistance, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies,
le diabète, la maladie cardiovasculaire (MCV) lui sont souvent
associés, tout comme la stéatose hépatique non alcoolique et il est
légitime de considérer que l’obésité peut mettre en jeu le
pronostic vital. On a pu du reste constater, au cours de cette
pandémie de Covid-19, que l’obésité était l’un de ses principaux
facteurs de surmortalité.
La nécessité d’un traitement de fond apparaît ainsi clairement
et, de fait, au cours des cinquante dernières années, plusieurs
tentatives de pharmacothérapie au long cours ont été menées, qui se
sont soldées par des échecs. Les mesures hygiéno-diététiques qui
sont aujourd’hui la pierre angulaire de la prise en charge sont de
peu d’efficacité dans l’obésité définie par un indice de masse
corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m2 (ou supérieur ou égal
à 27 kg/m2 en cas de comorbidités
associées).
Un traitement de fond du diabète qui fait perdre du poids
Le sémaglutide qui est un analogue du GLP-1 (glucagon-like
peptide-1) à longue durée d’action. Il est déjà utilisé dans le
traitement de fond du diabète de type 2 sous le nom
d’Ozempic® : administré à raison d’une
injection sous-cutanée hebdomadaire, il améliore le contrôle
glycémique tout en réduisant le risque d’évènements
cardiovasculaires quand il existe une MCV avérée.
129 centres, 16 pays et près de 2000 patients
Au total, 129 centres répartis dans 16 pays (en Asie, Europe,
Amérique du Nord ou du Sud) ont participé à cette étude
internationale dans laquelle ont été inclus 1 961 patients adultes
non diabétiques mais souffrant tous d’une obésité avec un IMC ≥ 30
kg/m2 ou ≥ 27 kg/m2 avec au moins une
complication liée au surpoids. Deux groupes d’effectif inégal (2:1)
ont été constitués par tirage au sort et traités pendant 68
semaines : dans le groupe sémaglutide, le médicament était
administré par voie sous-cutanée à raison d’une dose hebdomadaire
de 2,4 mg. Le même protocole a été instauré dans le groupe placebo.
Des conseils hygiéno-diététiques ont été prodigués à tous les
participants.
Les critères de jugement principaux ont été au nombre de deux
: d’une part, la variation en pourcentage du poids corporel,
d’autre part la proportion de patients chez lesquels ce dernier a
diminué d’au moins 5 %.
Les résultats sont hautement significatifs, quel que soit le
critère de jugement. Ainsi, entre le début de l’étude et la semaine
68, le poids corporel a diminué en moyenne de -14,9 % dans le
groupe traité, versus -2,4 % dans le groupe placebo, ce qui
conduit à une différence intergroupe de -12,4 points de pourcentage
(intervalle de confiance à 95 % [IC], -13,4 à -11,5 ; p <
0,001). L’objectif d’une réduction du poids corporel d’au moins 5 %
a été plus souvent atteint dans le groupe sémaglutide que dans le
groupe placebo (1 047 participants [86,4 %] versus 182 [31,5
%] ; p < 0,001). Il en a été de même pour une diminution d’au
moins 10 % (n = 838 [69,1 %] vs n = 69 [12,0 %] ;
p<0,001) et d’au moins 15 % (n = 612 [50,5 %] vs 28 [4,9
%] ; p < 0,001).
Près de 13 kg de différence avec le groupe placebo !
En kilogrammes, la variation moyenne du poids corporel entre
l’état basal et la semaine 68 a été de -15,3 kg dans le groupe
traité et de -2,6 kg dans le groupe placebo, soit une différence
intergroupe en valeur absolue de -12,7 kg (IC 95%, -13,7 à
-11,7).
Des effets indésirables digestifs
Les évènements indésirables les plus fréquents ont été à type de nausées et de diarrhées : le plus souvent légers ou modérés, ces effets se sont avérés transitoires. Cependant, ils ont conduit à l’arrêt du traitement chez 59 patients du groupe traité [4,5 %] versus 5 malades dans le groupe placebo [0,8 %].Une étape importante dans la prise en charge de l’obésité
L’étude STEP constitue une étape importante dans la prise en
charge future de l’obésité, ceci à plus d’un égard. Elle montre
qu’un traitement prolongé (68 semaines) par cet analogue du GLP-1
peut aboutir à une baisse substantielle du poids corporel,
cliniquement significative et capable d’influer sur le pronostic de
l’obésité.
Dr Peter Stratford