
Cette étude prospective longitudinale a été menée chez des
femmes ayant présenté une HTA lors de leur grossesse ; dans la
période du péri-partum, elles ont toutes bénéficié d’une
échocardiographie transthoracique ; de plus, pendant au moins 3
mois après l’accouchement, elles ont également bénéficié du
dépistage d’une éventuelle HTA permanente (reconnue sur une
pression artérielle [PA] ≥ 140/90 mm Hg ou sur la prise d’un
traitement antihypertenseur). Au terme d’un suivi moyen de 124
jours (103 à 145 jours), 70 femmes sur 211 (33,2 %) avaient
développé une HTA permanente.
Par rapport aux femmes normo-tendues, les femmes souffrant
d’une HTA permanente étaient plus âgées (35,5 ± 5,0 ans vs
32,9 ± 5,6 ans ; P = 0,001), elles étaient plus souvent
Afro-Caribéennes (27,1 % vs 7,8 % ; P < 0,0001) ; elles
avaient un indice de masse corporelle [IMC] plus élevé (33,4 ± 5,9
kg/m² vs 31,2 ± 5,4 kg/m² ; P = 0,006), et une PA moyenne
plus haute (106,5 ± 8,4 mm Hg vs 103,3 ± 7,0 mm Hg ; P =
0,004).
De plus, ces femmes qui ont présenté une HTA permanente
avaient un indice de masse ventriculaire gauche [VG] plus élevé
(84,0 ± 17,9 g/m² vs 76,3 ± 14,8 g/m² ; P = 0,001), une plus
grande épaisseur relative de la paroi du VG (0,46 ± 0,10 vs
0,40 ± 0,10 ; P < 0,0001) et une valeur plus basse du strain
longitudinal global* (–15,6 % ± 2,7 % vs –16,6 % ± 2,2 % ; P
= 0,006).
Un modèle prédictif clinico-échographique
Un modèle prédictif combinant des données cliniques (âge de la
mère et PA moyenne lors du premier trimestre de grossesse) et des
données échocardiographiques (indice de masse VG >75 g/m²,
épaisseur pariétale relative VG > 0,42, rapport E/e′ >
7) a permis d’identifier avec une remarquable précision (aire sous
la courbe 0,85 ; intervalle de confiance 95 % : 0,79 à 0,90) les
femmes exposées à développer une HTA permanente.
En conclusion, un dépistage clinique et échocardiographique
lors du péri-partum pourrait permettre d’individualiser précocement
les femmes qui risquent de développer une HTA permanente ; elles
pourraient, de ce fait, bénéficier d’une surveillance accrue de
leur PA et de l’administration rapide d’un traitement
antihypertenseurs afin de prévenir la survenue d’une maladie
CV.
Pour mémoire : * L’imagerie de strain, qui a
émergé ces dernières années, permet la quantification de la
fonction myocardique et la détection précoce d’anomalies de la
contractilité grâce à l’analyse du déplacement myocardique des
speckles (marqueurs acoustiques naturels). Le strain
longitudinal global normal est compris entre -15 % et -18 %.
L’imagerie de strain est plus précise que la mesure de la
fraction d’éjection du VG (étalon or, depuis 1970, de l’évaluation
de la fonction systolique du VG) qui a 2 inconvénients : sa grande
variabilité et son manque de sensibilité pour reconnaître les
altérations débutantes de la contractilité myocardique.
Dr Robert Haïat