
Le sacrifice de la (peut-être même pas) dernière chance
Il faut éviter avec un zèle parfait toute source d’information pour ne pas savoir que la fin de la planète ou de l’humanité (ou les deux) est (très) proche. Et que si nous ne faisons rien, elle le sera plus encore. « C’est donc partant de ce postulat aussi sain que pondéré et malgré la logique un peu scabreuse qui admet bizarrement que la catastrophe est certaine mais qu’il n’est pas trop tard pour se sacrifier qu’on se retrouve actuellement avec une véritable bousculade de petits articles (…) dont l’idée générale est qu’avec ce qu’on observe actuellement, c’est certain, nous allons tous mourir » résume ironiquement l’auteur du blog Hastable sur le site Atlantico.fr dans un billet intitulé La maladie catastrophiste de l’écologie.Souviens-toi d’Haroun Tazieff
En réalité, cela fait longtemps que l’on nous promet une mort certaine. Il n’a pas fallu attendre Greta Thunberg, jeune fille suédoise qui depuis quelques mois a été accueillie par de nombreuses instances dirigeantes pour professer sa triste parole. Certains se souviennent ainsi par exemple qu’en 1992 une enfant de 12 ans, Severn Cullis-Suzuki avait fait sensation lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro où elle avait tenu un discours remarqué sur l’état inquiétant de la planète. Au-delà de ces rafraichissantes prises de paroles juvéniles, depuis plusieurs décennies, scientifiques, journalistes, responsables politiques, vedettes de cinéma, peoples, n’hésitent pas à tenir des propos apocalyptiques pour éveiller les consciences.Le hic : certaines des prévisions funestes ne se sont pas réalisées. C’est que ce décrypte sur le blog collectif Mythes mancies et mathématiques (blog tenu par Benoît Rittaud enseignant chercheur en mathématiques à l’université Paris-13), Cédric Moro (Consultant indépendant sur les risques majeurs) (les participants à ce blog se présentent généralement comme « climato-réalistes »). « Les discours alarmistes sur le climat ne datent pas d’hier. Grâce à la numérisation des archives audio-visuelles et à leur mise en ligne sur internet, il est possible aujourd’hui de démentir les prévisions climato-catastrophistes assénées de manière très officielle dans la deuxième moitié du siècle dernier » observe-t-il. Il cite entre autres l’exemple d’Haroun Tazieff qui en 1979 affirmait que « des pays entiers » seraient « noyés sous les eaux en l’an 2000 » ; une prédiction, qui concernait par exemple la ville de Nice, qui heureusement (pour le tourisme) ne s’est pas vérifiée.
Celle qui deviendra Famine…
Après avoir également cité (entre autres) les « prophéties les plus apocalyptiques » de René Dumont, il évoque le rapport sur les changements climatiques publié en 2007 par le GIEC. « Pour l’Afrique, le GIEC écrivait noir sur blanc en 2007 : "D’ici 2020, 75 à 250 millions de personnes devraient souffrir d’un stress hydrique accentué par les changements climatiques. Dans certains pays, le rendement de l’agriculture pluviale pourrait chuter de 50 % d’ici 2020. On anticipe que la production agricole et l’accès à la nourriture seront durement touchés dans de nombreux pays, avec de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition" ». Alors que nous approchons dangereusement de 2020, nous pouvons avec soulagement constater qu’ « aucun des pays d’Afrique n’a vu chuter les rendements de son agriculture pluviale de 50 % sur ces 12 dernières années pour des raisons d’origine atmosphérique. C’est même la tendance tout à fait contraire. La sous alimentation en Afrique est d’abord liée à la présence de conflits et pour les dernières années (…) par la présence d’un phénomène El Niño particulièrement puissant en 2015-2016, phénomène naturel et limité dans le temps. Dans tous les cas, même si le problème de la malnutrition et de la sous-alimentation est un enjeu majeur pour l’humanité entière et pour le continent africain en particulier, force est de constater que les prévisions du GIEC sur l’impact majeur du climat dans ce domaine se sont avérées fausses. En 2016, il y avait environ 224 millions d’Africains souffrant de sous-alimentation toutes causes confondues (guerres, instabilités politiques, spéculations, récessions, inflations, faiblesse des prix à l’export des matières premières, aléa météorologiques exceptionnels et enfin, tendance climatique…). Selon la FAO elle-même, les conflits (et non le climat) sont la première cause de sous-alimentation : "En Afrique subsaharienne, la majorité des personnes sous-alimentées en 2016 vit dans des pays touchés par des conflits". La FAO parle bien du "changement climatique" comme d’un facteur important affectant la sécurité alimentaire du continent mais lorsque l’on y regarde de plus près, elle y inclut en fait n’importe quel aléa météorologique, comme il y en a toujours eu sur le continent, mettant l’occurrence d’un événement météorologique catastrophique telle qu’une inondation, une sécheresse ou un cyclone d’une année particulière sur le compte du changement climatique (…). Dans tous les cas, les scénarii catastrophiques du GIEC sur la baisse drastique de la production alimentaire et l’augmentation sensible de la malnutrition en Afrique, pour des raisons climatiques, ne sont pas produits ».Le jour des fous
Certains pourraient considérer que si la fin (et non la faim) justifie les moyens, est-ce si grave de se tromper ? Beaucoup de tenants des discours catastrophistes estiment en effet que l’urgence est telle qu’elle peut bien souffrir quelques approximations. Pourtant, ce catastrophisme pourrait se révéler contre-productif, voire dangereux.Mort du catastrophisme éclairé
Dévoiement du discours scientifique pour servir une religion
Totalitaires or not ?
Mensonge pieux ou stratégie de la peur ? Pour vous faire une
idée sur la rhétorique de la catastrophe et sur les dangers de
crier au loup trop tôt, vous pouvez lire :
Les écrits d’Hashtable :
https://www.atlantico.fr/decryptage/3566327/la-maladie-catastrophiste-de-l-ecologie
Le blog Mythes, mancies et mathématiques :
https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2018/10/15/le-catastrophisme-climatique-des-annees-60-a-80-a-lepreuve-des-faits/
Les interventions de Laurent Alexandre sur Twitter :
https://twitter.com/dr_l_alexandre?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor
L’interview de Luc Semal dans Libération :
https://www.liberation.fr/debats/2019/05/08/luc-semal-le-catastrophisme-peut-contribuer-a-esquisser-une-democratie-ecologique_1725713
Le blog de Nicolas Haeringer :
https://blogs.mediapart.fr/nicolas-haeringer/blog/030918/le-catastrophisme-desenchante
L’article d’Antoine Chellet et Romain Felli et dans VertigO :
https://www.erudit.org/fr/revues/vertigo/2015-v15-n2-vertigo02433/1035830ar/
Aurélie Haroche