
La réparation transcathéter de la valve mitrale assure
désormais un devenir comparable à celui de la chirurgie valvulaire
(qu’il s’agisse de remplacement ou de réparation de la mitrale)
chez les patients à haut risque chirurgical pour lesquels on
préfère donc éviter une intervention (cela concerne notamment les
personnes âgées qui présentent souvent des
comorbidités).
Une sous analyse de l’étude EVEREST II (Endovascular Valve
Edge-to-Edge Repair Study) avait montré que, chez les patients
âgés de plus de 70 ans, la réparation transcathéter de la valve
mitrale et la chirurgie valvulaire avaient un rapport
risque/bénéfice semblable.
Cependant cette analyse n’était pas indemne de biais.
C’est la raison pour laquelle Malik AH et coll. ont
repris la question et comparé, en les appariant, une cohorte de
patients âgés ≥ 80 ans qui avaient bénéficié d’une réparation
chirurgicale de la valve mitrale et une cohorte semblable de
patients qui avaient bénéficié d’une réparation transcathéter de la
valve mitrale. Les cohortes ont été identifiées à partir d’une base
nationale de données (National Inpatient Sample) des
Etats-Unis.
Mortalité 4 fois plus élevée avec la chirurgie
Comparée à la réparation chirurgicale de la mitrale, la
réparation transcathéter de la valve mitrale s’est trouvée associée
: à une diminution significative de la mortalité (0,7 % vs
3,1 %), des complications hospitalières (insuffisance rénale aiguë,
choc cardiogénique, hémorragie postopératoire, transfusion,
implantation d’un pacemaker permanent, complications respiratoires
et vasculaires) et de la durée de l’hospitalisation (- 6 jours,
environ).
Chez ces patients âgés, l’analyse des tendances a mis en
évidence une nette évolution des pratiques ; c’est ainsi qu’en
2012, 85 % de toutes les réparations valvulaires étaient effectuées
chirurgicalement tandis qu’en 2016 près de 94 % de toutes les
réparations valvulaires étaient effectuées par voie
transcathéter.
En conclusion, chez les patients âgés ≥ 80 ans, par rapport à
la réparation transcathéter de la valve mitrale, la réparation
mitrale chirurgicale a une mortalité 4 fois plus élevée et
s’accompagne de plus de complications cardiaques, vasculaires,
hémorragiques et respiratoires.
Malgré les limitations inhérentes à toute étude
observationnelle, ces données plaident fortement, toutes les fois
qu’elle est nécessaire, en faveur de la réparation transcathéter de
la valve mitrale chez les patients âgés ≥ 80 ans.
Dr Robert Haïat