Origine du SARS-CoV-2 : la vérité nous-a-t-elle été cachée ?

Washington, le mardi 27 décembre 2022 – Des échanges entre responsables américains rendus publics révèlent comment la thèse de l’origine humaine du SARS-CoV-2 a été écartée au début de la pandémie.

En décembre 2019, les premiers cas de ce que l’on n’appelait pas encore la Covid-19 étaient détectés dans la ville de Wuhan en Chine, amorçant les prémices d’une pandémie qui allait bouleverser l’humanité. Trois ans plus tard la question de l’origine du SARS-CoV-2 reste ouverte et de nombreux scientifiques à travers la planète planchent sur la question. Deux théories s’opposent : celle de l’origine naturelle, selon laquelle le virus serait passé de la chauve-souris à l’humain probablement via un animal-hôte intermédiaire, et celle de l’accident de laboratoire, puisque l’on sait que l’institut de virologie de Wuhan, laboratoire classé P4 (ce qui signifie qu’il abrite des microorganismes hautement pathogènes), travaillait sur le RaTG13, un virus de chauve-souris proche du SARS-CoV-2.

Mais ces deux théories n’ont pas toujours été appréciées de la même manière. Le 17 mars 2020, alors que des centaines de millions de personnes sont déjà confinées dans le monde, la revue Nature publie « The Proximal Origin of SARS-CoV-2 », l’un des articles les plus diffusés de l’histoire puisqu’il a été téléchargé 5,7 millions de fois et cité dans 2 650 publications. Ecrit par cinq scientifiques anglo-saxons dont Kristian Andersen, l’un des grands experts américains de l’immunologie, l’article conclut de façon quasi-certaine que « le SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus manipulé à dessein ».

Dès lors, l’hypothèse que la pandémie soit due à une fuite de laboratoire est reléguée au rang de théorie du complot, à tel point que son évocation est censurée sur les réseaux sociaux. Il faudra attendre plus d’un an pour que la possibilité que la pandémie soit d’origine humaine soit de nouveau sérieusement envisagée par les scientifiques.

70 % de probabilité que le virus provienne d’un laboratoire, selon un expert du coronavirus

De là, la naissance d’une autre théorie du complot, très prisée dans les rangs du parti républicain aux Etats-Unis, celle selon laquelle l’origine humaine de l’épidémie aurait été sciemment cachée au public par les autorités scientifiques afin d’éviter une crise diplomatique (voire pire) avec la Chine. Des échanges de mails récemment rendus publics dans les médias états-uniens grâce à la loi américaine sur la liberté d’accès aux informations donnent du grain à moudre aux tenants de cette théorie. Si certains de ces courriers avaient déjà été publiés ces derniers mois, ils étaient en grande partie caviardés.

On découvre dans ces messages que l’article « The Proximal Origin of SARS-CoV-2 » a donné lieu à de nombreux échanges en février 2020, préalables à sa publication, entre ses auteurs et divers éminents scientifiques américains dont le Pr Anthony Fauci, principal conseiller scientifique de la Maison Blanche, et Ron Fouchier célèbre pour avoir mené des expériences dites de « gain de fonction » rendant des virus plus pathogènes artificiellement. Une intervention extérieure qui n’a jamais été évoquée par les auteurs de l’article, ce qui pose évidemment la question du conflit d’intérêts, notamment quand on sait que Fouchier a collaboré avec le laboratoire de virologie de Wuhan.

Surtout, ces nouveaux documents rendus publics témoignent que la thèse de la fuite de laboratoire est initialement loin d’être considérée comme loufoque, bien au contraire. Tous les scientifiques qui participent à ces discussions au sommet s’étonnent de la proximité du SARS-CoV-2 avec le RaTG13 conservé au laboratoire de Wuhan mais également de la présence dans la structure du virus d’un site de clivage de furine, qui favorise l’infection et n’est pas présent dans cette famille de coronavirus. Mike Farzan, découvreur du récepteur du SARS, estime alors à 70 % les risques que le virus provienne d’un laboratoire. Plus prudent, Kristian Andersen constate que « les preuves scientifiques ne sont pas suffisamment concluantes » pour trancher entre l’origine naturelle et l’accident de laboratoire.

Qui veut la peau d’Anthony Fauci ?

Pourtant, Andersen et ses collègues finissent par se ranger à l’avis de Ron Fouchier, qui considère comme impossible que le virus qui commence alors à se propager dans le monde soit sorti d’un laboratoire et livrent donc un article à l’avis très tranché. Interrogé sur l’hypothèse de la fuite de laboratoire lors d'une conférence de presse en avril 2020, Anthony Fauci renvoie à l'article de Nature, écrit selon lui par « un groupe de virologues évolutionnistes hautement qualifiés », sans jamais évoquer sa participation à son élaboration.

Qu’est ce qui a poussé les plus éminents scientifiques anglo-saxons à discréditer la thèse de la fuite de laboratoire après l’avoir sérieusement envisagée ? Difficile de le dire, tous les échanges de mails n’ayant pas encore été rendus publics. Bien sûr, tout ceci ne prouve ni que le SARS-CoV-2 se soit échappé d’un laboratoire, ni que cette hypothèse ait été délibérément dissimulée. Pour Andersen, il ne faut y voir qu’un « exemple classique de la méthode scientifique où une hypothèse préliminaire est rejetée en faveur d’une hypothèse concurrente après que davantage de données soient disponibles ».

Mais pour certains membres du parti républicain, qui viennent de prendre le contrôle de la chambre des représentants, il n’y a pas de doute : les autorités sanitaires américaines et en premier lieu le Pr Anthony Fauci, qui s’apprête à quitter ses fonctions de directeur de l’institut national des maladies infectieuses (NIAD), ont caché aux Américains le fait que le virus se soit échappé d’un laboratoire. Leur motivation : éviter une guerre avec la Chine mais également cacher leur implication dans l’affaire, puisque l’institut national de la santé (NIH) aurait financé en 2021 des expériences de gain de fonction menées à Wuhan. « La carrière fédérale du Dr Fauci touche à sa fin, mais l’enquête du Congrès sur ses efforts pour dissimuler les origines du Covid-19 ne fait que commencer » a récemment lancé un ténor du parti républicain.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (15)

  • Origine du SARS-CoV-2 : et en France ?

    Le 27 décembre 2022

    Qu'en pense-t-on en France ? Dans et hors des milieux scientifiques ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-laboratoire-p4-de-wuhan-une-histoire-francaise-2843360

    Dr P Gauthier

  • Brevet n° 7223 390 B2

    Le 27 décembre 2022

    Alexandra Henrion Caude aurait elle eu raison avant tout le monde en citant le Brevet 7223 390 B2 ?

    Dr P Mongeard

  • Des chiffres et des lettres (Dr P Mongeard)

    Le 28 décembre 2022

    Une vérité cachée ? Excitant et frustrant à la fois : reconnaitre que nous ne disposons pas de réponse factuelle à la question est terrible. Une réponse qui passe par un cocktail :
    • Des marchés bien loin de nous dans un pays qui a vendu du rêve ou pas (« Péril jaune »)
    • Un « labo P4 » (sans rapport avec la Loge) made in France en Chine
    • Le « SIDA »
    • Des animaux jusque-là inconnus ou devenus mythiques
    • Des secrets d’étatS bien gardés (heureusement : QS Monkeypox)
    • L’Institut Pasteur (en période d’appels aux dons)
    • Des intervenants fragiles ou fragilisés, scientifiques ou non, (ex, anciens, etc), leurs blogs et tabloïds, leurs frustrations.
    • Et Dieu alors ?
    Restera les supputations probabilistes, faute de documents. Tout ceci de manière durable, comme l’assassinat de JFK. De quoi réveiller les appétits alternatifs pour remplir le vide ou convoquer une commission citoyenne ?
    Le sujet traité et Noël sont propices à la sortie des trolls de leurs placards mais pas de leurs parcours régulièrement chaotiques.
    Qui connait le très pasteurien « Brevet n° 7223 390 B2 » au point d’en faire le sujet d’un commentaire lapidaire, en temps réel, en mode Cluedo ? Quelques initiées ou disciples.
    Un minimum de rigueur et de travail aurait voulu que :
    • On nous renseigne sur le brevet évoqué * : 320 pages
    • On demande à l’Institut Pasteur * ce qu’il en est du dit brevet pasteurien
    • On nous rappelle le parcours peu linéaire de Mme Alexandra Henrion-Caude, de la génétique au mystique, de Diderot Paris 7 à Maurice

    Brevet européen 4/8/2010 – « NOUVELLE SOUCHE DE CORONAVIRUS ASSOCIE AU SRAS ET SES APPLICATIONS » https://patentimages.storage.googleapis.com/e0/4e/2e/09e238c87e2d20/EP1694829B1.pdf
    ** Institut Pasteur « CORONAVIRUS : ATTENTION AUX FAUSSES INFORMATIONS SUR LA COVID-19 CIRCULANT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX »
    https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/coronavirus-attention-aux-fausses-informations-covid-19-circulant-reseaux-sociaux

    Une certitude : soignants et soignés peuvent être si proches… quand ils partagent les mêmes sources d’ « informations ».

    Dr JP Bonnet

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