
Les patients qui survivent à la réparation chirurgicale d’une
dissection aortique aiguë de type A* restent, sur le long terme,
exposés à un risque de complications. Les recommandations
internationales préconisent bien une surveillance par imagerie mais
l’adhésion à cette préconisation demeure incertaine.
C’est ce qui a conduit An et coll. à tenter de
déterminer, dans le monde réel, la fréquence de la réalisation
d’une imagerie postopératoire et le devenir à long terme des
dissections aortiques aiguës de type A opérées.
L’étude a été menée à partir des informations recueillies dans
la base de données de santé de l’Ontario (Canada) ; les patients
qui avaient bénéficié de la réparation d’une dissection aortique
aiguë de type A et avaient survécu, au moins 90 jours, après
l’intervention chirurgicale ont ainsi été identifiés.
L’imagerie de surveillance postopératoire préconisée par les
recommandations internationales consistait en la réalisation d’un
scanner ou d’une imagerie de résonance magnétique (IRM) 6 et 12
mois après l’intervention, puis une fois par an.
L’analyse a finalement porté sur 888 patients ayant survécu à
la réparation d’une dissection aortique aiguë de type A effectuée
en urgence entre 2005 et 2018.
Changer les recommandations
Globalement, 14 % des patients ont bénéficié de l’imagerie préconisée tout au long du suivi ; au terme de la 6e année seuls 3,9 % avaient eu une imagerie.La mortalité est de 4 % à 1 an ; 14 % à 5 ans ; 29 % à 10
ans.
L’incidence des ré-interventions sur l’aorte a été de 3 % à 1
an ; 9 % à 5 ans ; 17 % à 10 ans ; la plupart de ces
ré-interventions (68 %) ont été faites en urgence avec une
mortalité de 9 % à 30 jours.
En analyse multivariée, une plus grande adhésion à la
réalisation de l’imagerie préconisée par les recommandations s’est
trouvée associée à la mortalité (hazard ratio [HR] 1,08; intervalle
de confiance [IC] 95 % : 1,05 à 1,11) et à la nécessité d’une
ré-intervention (HR 1,04 ; IC 95 % : 1,01 à 1,07).
En conclusion, après la réparation chirurgicale d’une
dissection aortique aiguë de type A effectuée en urgence,
l’adhésion à la surveillance de l’aorte par imagerie préconisée par
les recommandations est médiocre alors, qu’à long terme, la
mortalité et le taux des ré-interventions restent substantiels.
D’où la question : devrait- modifier les recommandations ?
*Pour mémoire : La dissection aortique est une
affection grave, caractérisée par une déchirure (ou porte d'entrée)
de la paroi aortique clivée (disséquée) par le sang sous pression
qui y fait irruption.
Selon sa localisation anatomique, on en distingue 2 types
:
- Type A : La dissection intéresse l’aorte thoracique et peut atteindre une artère coronaire ou la valve aortique, provoquant alors une insuffisance aortique sévère. Elle constitue une urgence chirurgicale cardiaque.
- Type B : La dissection intéresse l’aorte descendante. Son traitement est surtout médical (basé sur l’abaissement de la pression artérielle) et plus rarement chirurgical.
Dr Robert Haïat