
Puisque des récepteurs à la vitamine D (en fait une hormone « neurostéroïde ») existent dans diverses structures neurologiques (neurones, névroglie, aires cérébrales incluant le cortex cingulate et l’hippocampe) et que la vitamine D est impliquée dans plusieurs processus cérébraux (comme la régulation de facteurs neurotrophiques ou neuroprotecteurs, la neuro-immuno-modulation, la neuroplasticité, le développement cérébral), il est donc possible qu’elle soit associée à la dépression et qu’un apport supplémentaire puisse jouer un rôle important dans le traitement de cette affection, d’autant plus qu’on connaît des formes saisonnières de dépression où le rôle de la lumière solaire semble intervenir, et qu’aux États-Unis et au Canada « plus des deux-tiers de la population ont des niveaux insuffisants de vitamine D. »
Diverses observations ayant du reste accrédité ce lien probable entre une carence en vitamine D et un état dépressif, une recherche canadienne vise à confirmer la réalité de cette association par une méta-analyse portant au total sur près de 32 000 participants, et où les auteurs ont réexaminé les résultats d’une étude cas-témoin, dix études transversales et trois études de cohortes.
On constate effectivement « des taux plus faibles de vitamine D chez les personnes dépressives, par comparaison aux sujets-contrôles. » Dans l’étude cas-témoin, la moyenne entre les taux de vitamine D chez des femmes dépressives et non-dépressives est ainsi de 17,5 nanomoles/l (p=0,002). « Une certaine hétérogénéité » des études transversales rend leurs résultats d’interprétation difficile, mais les risques relatifs de dépression sont supérieurs chez les sujets présentant les taux les plus faibles de vitamine D (Odds Ratio = 1,31 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % [1,0–1,71]), avec une différence moyenne standardisée (SMD) = 0,60 ; IC 95 % [0,23–0,97]. Et les études de cohortes confirment ce risque de dépression « significativement augmenté » (approximativement doublé) chez les sujets ayant un taux plus faible de vitamine D (Hazard Ratio = 2,21 ; IC 95 % [1,40–3,49].
En conclusion, les auteurs estiment que cette méta-analyse tend à confirmer l’association présumée entre un niveau plus faible de vitamine D et un état dépressif et à « souligner le besoin de procéder à des essais contrôlés » portant sur l’intérêt concret de la vitamine D pour prévenir ou traiter la dépression, et expliquant si cette association ainsi attestée entre dépression et vitamine D est réellement de nature causale.
Dr Alain Cohen