
Cette dernière année, la version commerciale du sémaglutide, dénommée Ozempic®, a fortement gagné en popularité et notoriété, dans le cadre de son utilisation pour la réduction pondérale. Le sémaglutide est un peptide, commercialisé par NovoNordik, sous les différents noms d’Ozempic®, Rybelsus® et Wegory®, dans la prise en charge du diabète de type 2 et de l’obésité. Il fait partie de la famille des agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), utilisée, depuis près de 20 ans, dans le diabète de type 2. Les agonistes des récepteurs GLP-1 simulent une hormone naturelle qui, en cas d’hyperglycémie, augmente la production d’insuline, ralentit la vidange gastrique et renforce la sensation de satiété après une prise alimentaire, en ciblant les sites responsables de la faim et de la fringale.
Un médicament du diabète de type 2 qui fait perdre du poids
Les différences entre les 3 formes commercialisées tiennent seulement au dosage, au mode d’administration et aux indications respectives. En 2017, l’US Food and Drug Administration (FDA) a approuvé l’Ozempic® en tant que traitement du diabète de type 2. Cette molécule améliore le contrôle glycémique chez des patients diabétiques mal équilibrés sous metformine. Les posologies varient de 0,5 à 2 mg, par auto-administration hebdomadaire avec stylo injectable. En 2019, c’est le Rybelsus® qui a été autorisé dans le diabète de type 2, sous la forme de tablettes dosées à 7 et 14 mg/J.
En 2021, le Wegory® a été proposé pour la perte de poids chez des patients obèses ou en surpoids présentant, au moins, une pathologie associée. Comme l’Ozempic, le Wegory, à posologie élevée de 2,4 mg hebdomadaire, nécessite une injection par stylo. Couplée à une diminution de l’apport calorique et à une hausse de l’activité physique, la perte de poids sous traitement est d’environ 15 % à la 68e semaine, avec maintien des résultats 2 ans durant.
Il existe, de fait, un chevauchement important entre les 3 formes médicamenteuses, 1 mg d’Ozempic® équivalant à 1 mg de Wegory®. Selon les indications admises, les sujets non diabétiques peuvent utiliser le Wegory si leur IMC est > à 30, voire > à 27 kg/m2 en cas de comorbidité associée. Toutefois, dans le grand public et les réseaux sociaux, c’est l’Ozempic qui a la préférence alors même qu’il n’a pas cette indication spécifique.
Ce sont, idéalement, les diabétiques de type 2 non contrôlés qui sont les candidats idéals pour l’administration d’Ozempic® injectable car abaissant la glycémie sans risque d’hypoglycémie, en l’absence de traitement associé comme, par exemple, l’insuline ou des sulfamides hypoglycémiants et en diminuant le risque cardiovasculaire chez les patients à haut risque.
Le masque d’Ozempic®, un effet secondaire
Les effets secondaires les plus fréquemment rencontrés sont gastro- intestinaux : nausées, vomissements, diarrhée ou constipation. En outre, le sémaglutide accroît le risque de pancréatite, d’insuffisance rénale, voire de cancer médullaire de la thyroïde chez certains patients. La survenue d’une lithiase vésiculaire est aussi possible en cas de perte pondérale très rapide. Un autre effet iatrogène est, au niveau du visage, des modifications liées à la perte de graisses sous cutanées, connu sous le terme de « masque d’Ozempic ». Cet effet secondaire est lié à une réduction pondérale trop agressive, et non directement le fait du sémaglutide. Elle peut même s’associer à des divers déficits nutritionnels. Il importe de savoir que seuls, un petit nombre d’utilisateurs d’Ozempic® présenterons ce « masque » et que cet effet est réversible après une reprise pondérale grâce à une alimentation plus équilibrée.
Il existe plusieurs présentations d’Ozempic®, souvent proposées en ligne, à des prix plus bas, à des dosages variés, souvent sous forme d’ampoules, couplées à du sérum salé. Des contaminations bactériennes ou fungiques sont possibles lors des mélanges ou de l’utilisation de seringues plutôt que de stylos injectables. Certaines formes proposent en sus l’ajout de vitamines…
Dans une étude récente, publiée dans le JAMA, avec un suivi de longue durée, il est rapporté que le sémaglutide reste efficace sur la perte de poids tout au long de son utilisation. Mais, après arrêt, jusqu’ à deux tiers des patients traités antérieurement reprendront leur poids initial. Enfin, le sémaglutide ne doit jamais être prescrit isolément mais toujours accompagné de changements du régime alimentaire et d’une majoration de l’activité physique.
Beaucoup de candidats mais pas de remède miracle
A côté du sémaglutide, d’autres médicaments ont obtenu, aux USA, l’indication dans la réduction pondérale. Il s’agit du liraglutide (Saxenda®), de l’orlistat (Alli® et Xenical®), de la naltrexone couplée au bupropion (Contravit®) et de la phentermine associée au topiramate (Qsymial®). La phentermine a été introduite en thérapeutique dès 1959. Son indication théorique est de courte durée, ne devant pas, en principe, dépasser 12 semaines. Elle reste très prescrite du fait de son prix modeste, pouvant être inférieur à 30 $ par mois, face au coût de l’Ozempic® qui peut atteindre $ 900 mensuels et celui du Wegory® pouvant culminer à 1 300 $ par mois.
Force est de reconnaitre que la phentermine n’a pas la même efficacité que le sémaglutide, même en association avec le topiramate. Dans l’avenir, le tirzépatide, approuvé en 2022 dans le diabète de type 2 pourra se révéler utile en cas d’IMC élevé. Comme le sémaglutide, il s’agit d’un agoniste des récepteurs GLP-1. Il simule l’action de l’hormone naturelle en supprimant la sensation de faim. Comparé au sémaglutide, il offrirait un meilleur contrôle du diabète et de la perte pondérale. Cependant, à ce jour, force est de reconnaitre qu’il n’existe pas de panacée pour combattre l’obésité. Aucune des médicaments cités ne sont des remèdes miracle et les efforts, en matière de recherche, doivent être poursuivis.
Dr Pierre Margent