Quelques travaux d’épidémiologie et de génétique étayent l’idée que certains sujets victimes de paralysie cérébrale (PC) présentent des facteurs de susceptibilité héréditaires. Celui de CS Gibson est une approche de « gènes candidats » par étude d’association, qui a l’intérêt d’être basé en population.
Vingt-huit gènes ont été sélectionnés en raison de leur implication antérieure dans les PC ou les accidents vasculaires cérébraux (AVC) de l’enfant, et la répartition des allèles d’un SNP (un polymorphisme d’un seul nucléotide) par gène a fait l’objet d’une comparaison entre les « cas » et des « témoins ».
Les cas étaient constitués par 413 des 443 sujets atteints de PC spastique, nés dans l’Australie méridionale pendant les années 1986-1999 ; 31,5 % avaient une diplégie (maladie de Little), 28,8 % une hémiplégie et 27 % une tétraplégie. Les témoins (n=856) étaient appariés sur la date et sur la structure de naissance.
Le génotypage a été réalisé a posteriori sur le sang prélevé pour les dépistages néonataux, par technologie Taqman.
Les différences significatives entre les cas et les témoins concernaient :
- les SNP des gènes de la NO synthase inductible (iNOS) et du
tumor necrosis factor β (TNF- β). L’allèle T du premier, à l’état
hétérozygote et homozygote, et l’allèle A du second, à l’état
homozygote, étaient plus fréquents dans l’ensemble des PC, tous
termes confondus,
- les SNP de l’interleukine 8 (IL-8) et du récepteur β2
adrénergique, chez les prématurés. De plus, l’allèle A de l’IL-8, à
l’état hétérozygote, était lié à la diplégie spastique,
- outre le SNP de iNOS, celui du récepteur endothélial de la
protéine C chez les enfants nés à terme,
- et quatre autres SNP, uniquement chez les filles.
Faute d’ajustement pour comparaisons multiples, ces résultats ne
sont pas irréprochables d’un point de vue statistique. A cette
réserve près, qui pourrait être levée par une étude en cours, ils
établissent des associations entre la survenue d’une PC et la
présence de variants de neuf des gènes sélectionnés.
Les gènes directement en cause peuvent être ces gènes, qui codent
pour des protéines jouant un rôle dans la vasomotricité,
l’inflammation et la nitro-toxicité, mais aussi des gènes voisins,
en déséquilibre de liaison avec eux.
Au total, cette étude renforce la suspicion de la participation de gènes de susceptibilité dans la survenue des PC. L’hypoxie-ischémie cérébrale, un AVC, les complications de la prématurité ne sont pas des explications suffisantes. Des recherches supplémentaires sont indispensables pour confirmer la piste génétique, identifier les gènes responsables et éclaircir les interactions entre l’hérédité et l’environnement, qui peuvent être à l’origine des PC.
Dr Jean-Marc Retbi