
Paris, le lundi 10 août 2020 - A son tour, Paris se
masque.
Depuis ce matin, 8 heures, il est ainsi interdit pour les plus
de 11 ans de flâner démasqués sur les berges de la Seine ou du
canal Saint-Martin, à Montmartre ou rue Mouffetard. En revanche les
Champs-Elysées, ou encore le Boulevard Haussmann où siège les très
fréquentées Galeries Lafayette (et accessoirement le JIM !) ne sont
pas concernés au grand dam de certains observateurs qui voient,
dans la décision conjointe d’Anne Hidalgo et du préfet Lallement un
pis-aller et une manière de ne pas s’attirer les foudres des
récalcitrants.
Quoi qu’il en soit, dans le cadre d’une politique concertée au
niveau régional, le port du masque en extérieur sera également
obligatoire dans certains espaces de 26 communes des
Hauts-de-Seine, 18 villes du Val-de-Marne ainsi que dans certaines
communes du Val-d'Oise et de la Seine-Saint-Denis, ont indiqué
samedi les préfectures concernées dans un communiqué.
Entre virus et coup de chaud faut-il choisir ?
Après Bruxelles et Madrid, le port du masque devient donc
obligatoire dans certaines rues de la capitale Française, mais la
stricte application de cette mesure pourrait se heurter à la vague
de chaleur en cours.
Ainsi, ces dernières 48 heures on a observé des scènes où de
nombreux estivants ont ignoré les mesures sanitaires recommandées
dans plusieurs pays européens, assommés par des températures
dépassant les 35°C.
Conscient de ce dilemme entre protection contre le virus et
nécessité de se découvrir par cette météo, Anne Hidalgo a promis,
pour le moment, de la « pédagogie ».
« Une atteinte grave à la liberté fondamentale » en train de se généraliser ?
Si les Français (comme d’ailleurs les professionnels de santé
interrogés il y a quelques jours par le JIM) sont désormais
majoritairement favorables au port du masque à l'extérieur, près
des deux-tiers (64 %) d'entre eux souhaitant qu'il devienne
obligatoire dans les lieux publics ouverts, selon un sondage Ifop,
certains se dressent désormais contre cet outil de prévention.
Particulièrement actifs en Allemagne ou aux Etats-Unis, les
opposants au masque peinent (encore ?) à rencontrer un large écho
en France bien qu’ils s’installent progressivement sur les réseaux
sociaux.
Pour étayer leur position ils s’appuient en particulier sur
les contradictions de ces dernières semaines.
Ainsi, si les préfets sont désormais autorisés à imposer le
port du masque à l'extérieur lorsque les circonstances locales
l'exigent, en avril, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise
avait jugé que l'arrêté du maire de Sceaux imposant à ses
administrés de sortir le visage couvert « portait une atteinte
grave à la liberté fondamentale d'aller et de venir ».
D’autres soulignent encore les atermoiements du gouvernement
qui présentait le masque comme « inutile » voire dangereux
(selon les termes de Sibeth N’Diaye).
Xavier Bataille