Pénuries de médicaments : l’hôpital aussi !

Paris, le lundi 13 février 2023 – Les difficultés d’approvisionnement en médicaments affectent également les pharmacies hospitalières, comme le rappelle une enquête du SNPHARE.

Semaine après semaine, les médias (y compris le nôtre) multiplient les articles sur la pénurie et les tensions d’approvisionnements de médicaments qui touchent les officines françaises. Si les regards se sont donc concentrés essentiellement sur les difficultés rencontrées par les pharmacies de ville et sur les tensions touchant certains médicaments très usuels comme le paracétamol et l’amoxicilline, les pharmacies hospitalières sont également concernées par ces ruptures de stock, dues à une conjonction de facteurs (pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, délocalisations à outrance, prix du médicament trop faible en France…). Avec des conséquences parfois dramatiques, puisqu’ils arrivent que des médicaments vitaux soient concernés.

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARE), qui défend notamment les intérêts des pharmaciens hospitaliers, avait déjà mis en avant les difficultés rencontrées par ces derniers en novembre dernier, lorsque l’isoprénaline, un médicament utilisé notamment dans la prise en charge des arrêts cardiaques, des torsades de pointe et des bas débits cardiaques, était menacé d’une rupture de stock, après l’arrêt de sa commercialisation par le laboratoire Pfizer. Plusieurs mois après ce premier incident, au cours duquel le SNPHARE avait dénoncé l’incurie de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le syndicat remet le sujet sur la table, avec les résultats d’une enquête d’opinion menée auprès des pharmaciens hospitaliers.

Des pénuries qui concernent des médicaments vitaux

Mené du 23 janvier au 6 février dernier, ce sondage a concerné 367 pharmaciens hospitaliers (représentant 10 % des praticiens exerçant dans les pharmacies hospitalières et 12 % des pharmaciens praticiens hospitaliers) sur les conséquences pour leur travail des diverses difficultés d’approvisionnement qu’ils ont à gérer. Plus de la moitié des répondants (55 %) indiquent qu’ils passent plus de 4 heures par semaine à devoir gérer des pénuries de médicaments, dont 35 % y passent plus de 6 heures. Ils sont également 59 % à déclarer avoir déjà connu des difficultés d’approvisionnement voire même des impossibilités de délivrance pour des médicaments vitaux. Pour 46 % des pharmaciens hospitaliers interrogés, ces pénuries incessantes leur font perdre le sens de leur métier, notamment en les empêchant de se consacrer à d’autres activités.

Le sondage réalisé par le SNPHARE montre également que la confiance semble rompue entre les pharmaciens hospitaliers et leurs autorités de tutelle. Ils sont ainsi 95 % à juger que l’action des autorités face à ces tensions d’approvisionnement est insuffisante. Les répondants dénoncent l’information très parcellaire qui leur est délivré par les laboratoires et l’ANSM pour chaque épisode de pénurie, qui se limite à constater un « problème d’approvisionnement » ou une « rupture sans délai ».

Les pharmaciens hospitaliers oubliés par le gouvernement

Signe d’un important problème de communication, 37 % des pharmaciens hospitaliers ne connaissent pas la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) dressé par l’ANSM (et pour lesquels les laboratoires ont l’obligation de constituer un stock minimal de deux à quatre mois) et 31 % la jugent insuffisante. Une certaine lassitude se lit dans les réponses des pharmaciens hospitaliers : un tiers d’entre eux envisagent de quitter l’hôpital public dans les cinq prochaines années.

Pour répondre à « l’impact négatif majeur des pénuries de produits de santé sur le travail des pharmaciens hospitaliers » et à « l’insatisfaction des pharmaciens hospitaliers sur la façon dont les autorités sanitaires agissent face à ces pénuries », le SNPHARE met plusieurs propositions sur la table : embauche de 200 pharmaciens et de 300 préparateurs en pharmacie dans les hôpitaux, révision trimestrielle de la liste des MITM, création d’une règlementation équivalente pour les dispositifs médicaux…

Un programme qui répond au plan de lutte contre les pénuries de médicaments présenté par le gouvernement le 3 février dernier. Un plan qui consiste notamment à autoriser des hausses de prix ciblés de certains produits, afin d’inciter les industriels à privilégier le marché français et à élaborer un « plan blanc médicament » déployable en cas de crise. Mais aucune proposition en faveur des pharmaciens hospitaliers n’a été mise en avant.

Grégoire Griffard

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Vos réactions (1)

  • Pantalonnade

    Le 14 février 2023

    Houla, maintenant que ça touche le Dieu Hôpital ça va devenir sérieux !!
    Jamais je n’ai vu un tel foutoir, les pharmacies appellent tous les jours pour signaler les Yaplus. La faute à qui donc? Aux médicaments pas assez chers, y a qu’a augmenter le prix ! Bah voui, comme pour le Clamoxyl, la DGS nous a expliqué que c’est pas grave, y’a qu’à plus en prescrire. Je me marre tous les jours. Responsables coucou, dehors les dirigeants incompétents : DGS, ANSM, ministre même pas honteux de la santé etc. Reconnaissez votre responsabilité et votre incompétence : dehors.
    Tient, ça marchait mieux avant, avec un prix encore moins cher des médicaments, comment ça se fait ? Oups, c’est vrai c’était L’époque honteuse où les laboratoires sournois achetaient les vils médecins à coup de congrès (ce qui évitait de payer un impôt de plus...)
    Bon, c’est pas le tout, faut que j’aille au taf, je me marre trop pour faire grève !

    Dr N Rullière

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