Selon un dicton (suggérant ainsi que le bâillement est un
comportement très communicatif), « un bon bâilleur en fait
bâiller sept. » Réalisée par le département de psychiatrie et
des sciences du comportement de la prestigieuse Stanford
University (en Californie), une étude a exploré ce phénomène
classique du « bâillement contagieux » sur des enfants âgés
de 6 à 12 ans : 34 enfants avec troubles du spectre autistique
(TSA) et 30 enfants neurotypiques, pris comme témoins. Pourquoi une
telle étude ? Car on sait, d’une part, que l’activation des
neurones miroirs [1] intervient dans le
déterminisme du bâillement contagieux et, d’autre part, que des
dysfonctionnements des neurones miroirs affectent les personnes
autistes. Enfin, il a été logiquement constaté que les sujets avec
TSA bâillent moins souvent de façon « contagieuse »
(c’est-à-dire par imitation, en réponse à des tiers qui bâillent
auprès d’eux) comparativement aux sujets non autistes.
Cette étude californienne a confirmé cette observation et elle a
permis, en outre, de préciser le rôle médiateur de l’ocytocine dans
ce comportement du bâillement contagieux. Ce rôle était d’ailleurs
prévisible (ou du moins très plausible) dans la mesure où cette
hormone –neuropeptide d’origine hypothalamique– est considérée
comme une « hormone de l’empathie » (en plus de son effet
sur les muscles lisses de l’utérus et sur la lactation). Elle est
en effet impliquée dans divers comportements sociaux (comme
l’attachement à l’autre), des comportements précisément
problématiques chez les sujets avec TSA. Les auteurs ont aussi
observé que les personnes autistes ayant de faibles niveaux
sanguins d’ocytocine étaient les moins sensibles aux bâillements
contagieux et, qu’au contraire, les autistes avec des niveaux
sanguins plus élevés d’ocytocine ne différaient pas des sujets
neurotypiques pour la propension à bâiller en réaction aux
bâillements d’autrui. Dans cette étude, la concentration sanguine
en ocytocine peut ainsi permettre de prédire le comportement de
bâillement contagieux chez les enfants atteints de TSA.