
Les hémorragies sont la complication la plus fréquente du
traitement par les anticoagulants administrés per os. Elles sont de
plusieurs catégories, les plus sévères conduisant inéluctablement à
l’arrêt du traitement, dès lors que le pronostic vital est mis en
jeu. Qu’en est-il des saignements dits mineurs, les "nuisance
bleeding events", des anglosaxons ? L’exemple est celui des
patients atteints d’une fibrillation auriculaire (FA) nécessitant
une anticoagulation. Quelle est leur signification pronostique ?
Quelle est leur répercussion sur le risque hémorragique ultérieur
et la survenue éventuelle d’accidents thrombo-emboliques ou
d’accidents vasculaires cérébraux (ATE/AVC) ?
C’est à ces questions jusqu’ici sans réponse que répond
l’étude de cohorte prospective dite ORBITA-AF. La consultation de
ses registres a permis d’identifier 6 771 patients d’âge ≥ 18 ans,
tous atteints d’une FA et recrutés au niveau de 172 sites, suivis
de manière régulière au moins pendant 6 mois. Dans tous les cas, le
traitement préventif reposait sur des anticoagulants actifs per os.
Les hémorragies mineures ont été authentifiées à partir des
observations médicales et définies par le fait qu’elles ne
suscitaient pas d’attention médicale significative : c’est le cas,
par exemple, de celles liées au brossage des dents ou de celles
provenant d’hémorroïdes connues. Les données ont été traitées au
moyen d’une analyse multivariée par régression logistique
multiples, dans le but de rechercher des associations entre ces
hémorragies mineures et le risque de saignements majeurs, d’une
part, le risque d’ATE/AVC, au terme d’un suivi fixé à 180 jours
après l’évènement inaugural documenté. L’analyse a été faite sur la
consultation du 6ème mois, alors que la
durée médiane de la période d’inclusion a été de 1,5 années. Les
modifications éventuelles du traitement anticoagulant ont été
prises en compte de manière descriptive dans un sous-groupe à
part.
Pas d’augmentation du risque d’hémorragies majeures
Les hémorragies mineures sont fréquentes chez les patients atteints d’une FA traitée par les anticoagulants oraux. Un patient sur cinq est en effet concerné, mais ces hémorragies n’ont apparemment aucune signification pronostique, dans la mesure où elles ne sont pas associées à une augmentation du risque d’hémorragie majeure pas plus qu’à celui d’accident thrombo-embolique ou d’AVC. Dans ces conditions, leur survenue n’est en rien une contre indication à la poursuite du traitement.
Dr Catherine Watkins