
L’exploration des bases de données (PubMed, Embase, Scopus et
Cochrane de 1980 à 2022) à la recherche d’articles portant sur
l’entraînement à la marche robotique par rapport à la thérapie
standard (exercices ou entraînement à la marche standard) pour les
personnes atteintes de paralysie cérébrale a abouti à la sélection
de 8 articles.
Les études n’ont pas été retenues si l’entraînement à la
marche avec exosquelette était combiné à une autre intervention
neuromusculaire, telle qu’une stimulation électrique
fonctionnelle.
Au total, 188 personnes atteintes de paralysie cérébrale,
âgées de 4 à 35 ans (donc enfants et adultes) et avec un niveau de
I à IV sur le GMFCS (système de classification de la fonction
motrice globale) ont été incluses. Le niveau de preuve variait de
2b à 1b.
Toutes les études ont utilisé un dispositif d’assistance
attaché pour l’entraînement à la marche robotique. L’effet global
n’était pas significativement différent entre l’entraînement à la
marche robotique et les interventions contrôles pour la performance
au TM6 (test de marche de six minutes) (intervalle de confiance à
95 % IC à 95 % : -0,17, 0,73 ; p = 0,22), pour la vitesse de marche
spontanée (IC à 95 % : −0,18, 0,57 ; p = 0,30), ou pour les mesures
de la fonction motrice globale (D, station debout (IC à 95 % :
−0,29, 0,39 ; p = 0,77) et E, marche, course et saut (IC à 95 % :
−0,11, 0,57 ; p = 0,19).
Pas d’avantage par rapport à la prise en charge habituelle et pourtant…
Ainsi, d’après cette étude, les exosquelettes qui fournissent
une formation à la marche assistée pour les personnes atteintes de
paralysie cérébrale n’apportent pas d’avantage quant à
l’amélioration de la mobilité que la norme de soins. Une revue
Cochrane de 2020 sur la même thématique présentait à ce sujet des
résultats similaires.
Plus précisément, elle concluait d’une part que par rapport à
l'absence de marche, l'entraînement à la marche assistée
mécaniquement semblait entraîner de légères augmentations de la
vitesse de marche (avec ou sans support du poids corporel) et
pouvait améliorer la fonction motrice globale (avec support du
poids corporel). Par contre, par rapport à la même dose de marche «
sur sol », l'entraînement robotisé ne présentait pas de différence
significative pour la vitesse de marche et la fonction motrice
globale.
Pour autant, détail non négligeable, la rééducation robotisée
présente l’intérêt de fournir un entraînement de haute intensité,
répétitif et spécifique à une tâche donc serait potentiellement
plus adaptée pour les patients avec déficit attentionnel ou en
phase initiale de rééducation.
De plus, il faut savoir « raison garder » en lisant cette
méta-analyse qui ne considère qu’une population restreinte de
l’ensemble du panel de patients en rééducation neurologique et ne
pas généraliser aux populations tétraparétiques,
hémiplégiques, aigus ou chroniques, pour lesquels l’utilisation de
cet outil thérapeutique peut présenter un intérêt distinct.
Anne-Céline Rigaud