Plaidoyer de l'ABM pour le don de rein entre proches

Paris, le mardi 6 décembre 2022 - L'Agence de la biomédecine (ABM) lance une campagne d'information pour sensibiliser le grand public et les professionnels de santé au don de rein entre proches.

La France affiche depuis plusieurs années un sérieux retard sur ses voisins européens dans le domaine de la greffe d'organes. Notre pays réalise ainsi deux fois moins de greffes sur donneurs décédés par habitants que l'Espagne (et quatre fois moins qu'en Catalogne) et seulement 14 % des transplantations rénales réalisés en France le sont sur donneurs vivants, contre 30 % au Royaume-Uni. Les autorités sanitaires multiplient les efforts ces dernières années pour rattraper ce retard, avec notamment un ambitieux plan greffe 2022-2026 adopté en mars dernier qui prévoit d'atteindre un taux de 20 % de greffes rénales à partir de donneurs vivants.

En 2021, 502 greffes rénales (dont 24 pédiatriques) ont été réalisées à partir de donneurs vivant, sur un total de 3 252 transplantations (soit 15 %) et les premiers chiffres de l'année 2022 attestent d'une augmentation de 2 % de la part de greffes entre vivants. Pour renforcer cette dynamique, l'agence de la biomédecine (ABM) organise, du 28 novembre au 15 décembre, une campagne de communication à destination des professionnels de santé et du grand public pour les informer sur les vertus du don de rein entre proches (peut être avez vous aperçu cette campagne sur notre site ?).

Pour rappel, depuis 2011, la loi autorise les parents, les grands-parents, les enfants, les frères, les oncles et tantes, les frères et sœurs, les cousins, le conjoint du patient et toute personne pouvant prouver un lien affectif d'au moins deux ans avec le patient à lui donner un rein.

Le don de rein entre proches, pas seulement en dernier recours


L'objet de la campagne est notamment de rappeler aux néphrologues et aux patients que le don de rein ne doit pas être une solution de dernier recours et doit au contraire être proposé précocement en cas d'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT), même avant que le patient soit placé sous dialyse. Pourtant, selon un sondage commandé par l'ABM, seulement 7 % des Français savent que le don de rein n'est pas qu'une solution thérapeutique de dernier recours. "Il faut arrêter d'être tiède par rapport à la greffe du vivant : elle doit être une solution prioritaire, les néphrologues doivent en parler avec les patients et les proches" exhorte le Pr Luc Frimat, président de la société francophone de néphrologie dialyse et transplantation.

La campagne insiste également sur les nombreux avantages que présente la transplantation rénale à partir de donneur vivant par apport à celle sur donneur décédé. Tout d'abord, le taux de survie du greffon à 10 ans est meilleur avec un donneur vivant (76 %) qu'avec un donneur décédé (61 %). Le risque de rejet est d'autant plus faible que le donneur est de la même famille que le patient. La greffe est également plus rapide entre vivants (ce qui diminue la durée d'ischémie) et le patient « contourne » la liste d'attente. Pour rappel, on compte actuellement 18 666 personnes sur liste d'attente d'une greffe rénale (dont 9 890 sur liste active) : en moyenne, 14 nouvelles personnes entrent chaque jour sur la liste, pour seulement 9 greffes quotidiennes.

98,4 % des donneurs ne regrettent pas leur générosité


En outre, la transplantation entre vivants est moins stressante le patient n’attend ant pas fébrilement qu'un organe soit disponible. "Il n'y a pas eu l'attente d'un coup de fil à 4 heures du matin, le stress d'être opéré ou écarté car plusieurs potentiels receveurs sont appelés" explique une femme qui a donné son rein à son conjoint.

L'ABM rappelle également que le risque est minime pour le donneur et qu'aucun décès d'un donneur n'a été rapporté. Au totale 98,4 % des donneurs déclarent ne pas regretter leur don.

L'ABM souhaite également mettre en lumière une procédure encore trop méconnue, celle du don croisé, utilisé lorsqu’aucun des proches du patient n'est compatible avec lui, mais que les proches d'un autre patient le sont. Depuis l'adoption de la dernière loi de bioéthique l'an dernier, c'est jusqu'à six paires de donneurs et de receveurs consécutifs qui peuvent être mobilisés (et non plus deux comme auparavant) avec la possibilité d'intercaler dans la chaine un donneur décédé. Quatre greffes via dons croisés ont été réalisées en 2022 et 18 paires de donneurs-receveurs sont actuellement en attente d’une transplantation.

Baisse de 25 % des dons d'organes en 2020


Les néphrologues insistent sur le fait que le développement de la greffe rénale, qu'elle soit entre vivants ou à partir de donneurs décédés, passe nécessairement par des investissements importants, afin notamment d'embaucher plus de personnel médical et paramédical. "Pour cette activité, il faut une symbiose et une confiance entre néphrologues, équipe chirurgicale et infirmières de coordination" insiste le Pr Vincent Vuiblet, néphrologue au CHU de Reims.

L'activité de greffe a été très fortement perturbée par la pandémie de Covid-19, avec une baisse de 25 % du nombre de transplantations d'organes entre 2019 et 2020, alors même qu'il augmentait de 5 à 10 % par an depuis plusieurs années. Si l'activité a remonté de 19,3 % en 2021 et 4,2 % sur les 6 premiers mois de 2022, le retour à la situation pré-pandémie n'est pas pour tout de suite. Autre élément inquiétant, le taux d'opposition au prélèvement d'organes sur des personnes décédées est en augmentation et atteint 34 % au niveau national, 46 % en Ile-de-France.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Don de rein

    Le 06 décembre 2022

    Que de bla bla dans cet article. Des effets d'annonce mais sur le terrain, je peux témoigner : obligation d'attendre les dialyses pour pouvoir être inscrit en centre de greffe. Malgré un donneur compatible et aucune commodités, 2 an, oui 2 ans, d'attente et toujours pas de date d'intervention...

    ML, IDE

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