Pourquoi se former à la télémédecine est essentiel ?

Un article publié début 2019 dans le Journal of Telemedicine and Telecare rapportant les résultats d’une enquête réalisée par la Société Française de Télémédecine (SFTelemed) révélait ainsi que neuf facultés sur dix n’avaient mis en place aucun enseignement dédié à cette pratique (1). Conséquences : les praticiens français se sentent mal formés au numérique et aux consultations à distance comme le révélait un sondage réalisé par Odoxa à la demande des Universités de santé et de la Conférence des doyens, publié fin 2018 (2). C’est pourquoi Medaviz accompagne les professionnels de santé dans leur appréhension de la télémédecine, en les formant aux outils comme aux bonnes pratiques permettant d’améliorer leur offre de soins.

Pour une télémédecine ancrée dans les usages

Si elle a très certainement transformé le rapport des professionnels de santé à la télémédecine, révélant de façon spectaculaire les atouts indéniables de ce système, la crise sanitaire actuelle n’a pour autant nullement corrigé les lacunes des médecins en ce qui concerne leur formation. L’urgence, qui a conduit les praticiens à dépasser leurs appréhensions, a pu donner une fausse impression de maîtrise. Cependant, qu’il s’agisse de l’appropriation des outils techniques, du cadre réglementaire ou des aspects médico-légaux et éthiques les professionnels éprouvent régulièrement le besoin d’une formation plus approfondie, afin que la télémédecine, plus qu’un simple palliatif en période de crise, soit une véritable occasion de changer ses pratiques. La formation à la télémédecine est également un socle pour préserver la qualité de la relation médecin-malade et pourquoi pas l’améliorer. Les médecins de la communauté d’utilisateurs Medaviz partagent ainsi régulièrement leurs expériences et expliquent que la téléconsultation permet à certains de leurs patients d’aborder les sujets qu’ils n'évoquent pas en présentiel.  

La télémédecine est bien plus qu’un outil

Se former à la télémédecine, c’est tout d’abord en maîtriser les enjeux, afin de dépasser certaines idées reçues qui pourraient caricaturer cette pratique en la résumant telle une incursion inévitable des nouveaux outils de communication dans le monde de la santé. La télémédecine va en effet bien au-delà d’une simple réponse à la désertification médicale et son accélération a été largement encouragée dans le cadre du programme Ma Santé 2022 (3). Au-delà de cette problématique, la télémédecine est un levier d’amélioration de l’accès rapide à des soins spécifiques, en facilitant l’accès des patients au second recours (au sein d’une CPTS par exemple) ou la coordination des praticiens (grâce à la téléexpertise).
Dans ce cadre, la formation à la télémédecine doit permettre aux médecins de mieux identifier les mécanismes concourant à faire des consultations à distance un levier pour faciliter l’accès aux spécialistes, comme le démontrent les projets d’ESS en construction au sein du Medaviz Lab.

Un nouveau regard

Ainsi, la formation à la télémédecine a pour première vocation de faire évoluer la perception initiale du praticien. Il s’agit de passer de la représentation basique, qui fait de la télémédecine un outil utile pour répondre à des difficultés ponctuelles à celle d’un système pouvant s’ancrer de façon pérenne dans la pratique, afin de développer une offre de soins plus complète et mieux adaptée aux besoins des populations. C’est dans cette même perspective, que la formation à la télémédecine pourra se concentrer sur ses atouts pour améliorer le suivi régulier des patients atteints de maladie chronique (grâce par exemple aux possibilités offertes par le suivi en téléconsultation et au partage d’informations via des canaux sécurisés). 

Pour éclairer la jungle des différentes solutions

L’appréhension de ces enjeux fondamentaux de la télémédecine est une invitation à en maîtriser les différents outils. Les aléas liés à la communication numérique et la multiplicité des dispositifs concourent à un manque de lisibilité et peuvent induire un réflexe premier de retrait. Découvrir les solutions de téléconsultation et leur interopérabilité constitue ainsi une étape fondamentale pour passer d’utilisateur “passif” de la télémédecine à un véritable acteur, ayant su déterminer ses besoins dans sa pratique spécifique et capable d’influencer la construction des solutions de demain. La formation aux outils permet également de mieux se familiariser avec les dispositifs de télétransmission, afin notamment de garantir la sécurisation des données.

Garantir une relation médecin/patient préservée

Il s’agit de l’un des objectifs fondamentaux de la formation à la télémédecine : créer les conditions propres à une relation médecin/patient préservée, sans risque d’être perturbée par les différentes contraintes technologiques et par la distance. Atteindre et garantir cette sérénité passe par la maîtrise des médecins. Or ces derniers, s’ils confirmaient (avant la crise épidémique) quasiment tous la place prise par les nouvelles technologies de communication dans leur pratique, n’étaient parallèlement que 27 % à s’estimer formés à l’utilisation de leur logiciel, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Agence des systèmes d'information partagés de santé (Asip santé) (4). Enfin, dans cette formation aux outils, il sera question de se familiariser avec les différents types d’application pour en comprendre les atouts comme les limites dans le suivi au long cours des patients. À ce titre, Medaviz sensibilise par exemple les professionnels de santé sur l’intégration de la téléconsultation dans leur pratique, qu’il est préférable d’alterner avec des rendez-vous en présentiel, pour optimiser leur confort d’exercice.

Ne plus confondre téléconsultation et téléexpertise

La formation à la télémédecine ne se circonscrit pas uniquement à la présentation de ses enjeux et de ses modalités. Elle peut se révéler un tremplin pour faire découvrir aux praticiens d’autres façons d’exercer. Dans cette recherche des modalités les mieux adaptées à leur pratique, la formation doit enseigner la différence entre téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, téléassistance, régulation ou encore télésoin. La connaissance de ces multiples modalités permettra à chaque médecin de trouver la bonne formule pour apporter sa contribution personnelle à un objectif global d’amélioration de l’accès aux soins. Elle doit être un guide personnalisé et adapté à chacun, libre d’aménager une place réelle à la télémédecine. L’aboutissement ultime de cette démarche peut être la création d’un véritable projet médical, pouvant notamment s’inscrire dans une collaboration pluridisciplinaire et/ou territoriale pour répondre à la problématique de la désertification médicale, comme dans les CPTS par exemple.

Répondre à toutes les questions sur la responsabilité médico-légale

Que la télémédecine soit perçue comme un complément à sa pratique quotidienne, ou qu’elle inspire un projet médical d’une plus grande envergure, toute formation comprend des enseignements fondamentaux. Ils concernent tout d’abord la dimension juridique et notamment les aspects médico-légaux. Il s’agit d’une interrogation récurrente des médecins, qui a pu même être un frein dans les premiers temps au déploiement de la médecine à distance. Medaviz intervient ainsi régulièrement auprès de ses médecins pour les informer des évolutions de la réglementation en vigueur.


Quelles sont les spécificités de la responsabilité médico-légale appliquées à la télémédecine ? L’absence d’examen clinique physique peut elle être considérée comme une faute en cas d’erreur de diagnostic ? Dans quelles circonstances la télémédecine est-elle absolument contre-indiquée ? Ces considérations juridiques sont permanentes et invitent à travailler de façon attentive la question du respect du secret médical, à travers la sécurisation de la transmission de données sensibles. À cet égard, les médecins sont de plus en plus nombreux à opter pour une messagerie sécurisée (78 % des médecins généralistes libéraux en étaient équipés et 42 % des spécialistes de ville fin 2017) (5) également plébiscitée par les patients. Une enquête réalisée en 2020 auprès de patients a ainsi mis en évidence que 85 % avaient l’intention d’utiliser la messagerie sécurisée de l’espace numérique en santé (qui devrait être accessible en 2022) pour communiquer avec leur médecin (6).

Tout savoir sur la tarification et la prise en charge

Aspect indispensable également, la formation en télémédecine doit être un guide précieux pour mieux maîtriser les dimensions tarifaires complexes. S’ils ont été l’objet d’évolutions nombreuses (mais qui devraient être temporaires) avec la crise sanitaire, les principes de la prise en charge de la télémédecine s’inscrivent dans le respect du parcours de soins et de la territorialité. Le rappel de ces dimensions est encore une fois une façon pour la formation à la télémédecine de déconstruire certaines craintes, concernant notamment le risque d’un encouragement au nomadisme ou au consumérisme médical.

Ne plus avoir peur de la déshumanisation

Enfin, les enseignements fondamentaux de la formation à la télémédecine concernent inévitablement les aspects éthiques. Il s’agit ici notamment d’aider le médecin à construire son argumentation pour répondre aux appréhensions qui demeurent chez quelques patients. À cet égard, commentant début 2020 les résultats du Baromètre télémédecine de l’Agence du numérique en Santé, Gaël Sliman président d’Odoxa concluait : « Si les médecins pouvaient (…) convaincre leurs patients que la télémédecine ne déshumanise pas leur relation (…) et qu’elle est aussi efficace qu’une consultation présentielle (…) nul doute que cela doperait encore les usages ». Gaël Sliman s’appuyait sur la grande confiance accordée aux médecins par leurs patients. Le baromètre mettait en évidence que 62 % des patients assurent qu’ils suivraient l’avis de leur médecin si ce dernier leur conseillait de recourir à la télémédecine. Cependant, pour que les praticiens défendent l’absence de risque de déshumanisation associé à la télémédecine, il est nécessaire qu’ils en soient eux-mêmes convaincus. Or, en la matière, médecins et patients nourrissaient avant la crise les mêmes craintes : 70 % des professionnels de santé estimaient que la télémédecine déshumanise les soins, une opinion partagée par 75 % des Français. Nul doute que l’expérience récente des 19 millions d’actes pris en charge par l’Assurance Maladie en 2020, associée à une formation de qualité permettent de lutter contre cette appréhension.

Dans le même esprit, l’un des derniers fondamentaux de la formation à la télémédecine est d’identifier les mécanismes permettant de répondre aux enjeux soulevés par certains publics particuliers, notamment ceux peu familiarisés avec les outils numériques. Ils ne sont pas si rares : fin 2019, ce que l’INSEE appelle “l’illectronisme” touchait 17 % de la population. Le développement d’une télémédecine par téléphone, comme l’accompagnement par un tiers ou un professionnel de santé dans le cadre de la téléconsultation assistée (utilisée dans les Ehpad, les CPTS, etc.) sont autant de réponses simples à cet écueil.

Se former, oui, mais comment ?

Si les raisons de se former à la télémédecine sont évidentes, reste à déterminer comment se former. Si on l’a évoqué, la formation primaire reste encore parcellaire, la formation secondaire, d’autant plus qu’il s’agit d’un des thèmes du DPC (développement professionnel continu) est plus largement développée. Elle peut prendre la forme de Diplôme inter-universitaire ou encore de formation par des organismes agréés. Par ailleurs, les formateurs, comme Medaviz qui accompagne ses utilisateurs dans l’utilisation de la télémédecine, ont su eux aussi s’adapter à la crise et proposent de plus en plus de modules à distance, ce qui n’empêche pas les formations d’être immersives en s’appuyant sur la simulation, une autre façon de dépasser ses réticences intérieures.

Ainsi, apparaît-il que le principal moteur de la formation à la télémédecine doit être le désir de maintenir une relation privilégiée avec son patient et de toujours œuvrer pour une amélioration de sa prise en charge en facilitant l’accès aux soins.

Copyright © http://www.jim.fr