PR et ostéoporose, n’accusons pas les auto-anticorps
Certains auto-anticorps détectés au cours de la polyarthrite
rhumatoïde (PR) ont été incriminés dans la perte osseuse et accusés
de favoriser sinon une ostéoporose, tout au moins une ostéopénie.
C’est le cas notamment des ACPA (anti‐citrullinated protein
antibodies) qui font l’objet de cette suspicion. Deux études de
cohorte indépendantes dans lesquelles ont été inclus plus de 600
patients atteints d’une PR débutante tendent cependant à les
innocenter.
Une approche transversale et longitudinale…
Une absorptiométrie biphotonique X a été réalisée au niveau du
rachis lombaire et de la hanche gauche chez 408 patients d’une
cohorte néerlandaise et 198 d’une cohorte suédoise, à l’état basal
et à long terme, puis à intervalles réguliers pendant 5 ans
(cohorte 1) ou 10 ans (cohorte 2). Les effets éventuels de divers
auto-anticorps dont les ACPA sur la densité minérale osseuse (DMO)
ont donc été évalués de manière longitudinale.
Dans la cohorte néerlandaise, la présence d’ACPA à des taux
significativement élevés a été associée à une DMO basale (hanche
gauche) légèrement mais significativement plus basse, soit 0,92
versus 0,95 g/cm2 en l’absence d’ACPA (p=0,01).
La même tendance a été observée si l’on se réfère aux valeurs
basales du Z-score, la différence intergroupe étant également
faible mais significative, les valeurs correspondantes étant
respectivement, toujours au niveau de la hanche gauche, de 0,18 (IC
95 % 0,08‐0,29) vs 0,48 (IC 95 % 0,33‐0,63)
(p<0,01).
En contradiction
En dépit de ces différences indéniables à l’état basal, la
positivité des ACPA n’a été en aucun cas associée à une diminution
de la DMO ou encore du Z-score au fil du temps, notamment en valeur
absolue. Aucune corrélation n’a été établie entre les taux de ces
anticorps -et d’autres tels ceux du facteur rhumatoïde ou des
anti-Carp- et les valeurs de la DMO. Dans la cohort suédoise, la
prévalence de l’ostéopénie était plus élevé en cas de positivité
des ACPA (p=0,04), mais au cours du suivi aucune association n’a
impliqué ces derniers dans la diminution de la DMO.
Certes, à l’état basal, l’approche transversale plaide en faveur
d’une relation qui a tout lieu d’être non causale entre la
positivité des ACPA et les valeurs basses de la DMO. Cependant,
l’approche prospective qui porte sur deux cohortes indépendantes
incluant plus de 600 patients tend à innocenter ces anticorps et
d’autres dans la pathogénie de l’ostéoporose associée à une PR
débutante.
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