Prophylaxie par palivizumab chez les enfants à risque d’infection à VRS sévère

Le virus respiratoire syncitial (VRS) est l’un des agents majeurs des infections respiratoires basses des nourrissons et jeunes enfants. La majorité en est infectée au moins une fois avant 2 ans et souffre d’une maladie habituellement bénigne. Les prématurés, les enfants avec une cardiopathie sévère, une maladie pulmonaire chronique et une maladie neurologique ou musculaire (MNM) ont un risque élevé de contracter le VRS et de présenter une forme d’infection sévère. Le palivizumab (Synagis®), anticorps monoclonal humanisé est indiqué pour la prophylaxie de l’infection chez ces malades à risque mais son efficacité au cours des MNM manque de preuve solide.

Une étude canadienne prospective (CARESS) sur le palivizumab a examiné le risque d’hospitalisation liée à une infection respiratoire (HIR) et liée à une infection à VRS pour des enfants ayant reçu une prophylaxie ; 32 sites ont participé. Les enfants ont été enrôlés au début de la saison VRS après la 1ère injection de palivizumab. Ceux inclus dans l’étude avaient une hypotonie globale ou associée à une atteinte neuromusculaire spécifique à début infantile quel que soit le niveau central, neurone moteur, jonction neuromusculaire ou nerf et muscle. Les patients ont été classés en deux groupes, le premier incluant les encéphalopathies ischémiques, les syndromes tels que Prader-Willi, les aberrations chromosomiques à l’exception de la trisomie 21, les maladies démyélinisantes, et le second les maladies neuromusculaires spécifiques comme l’amyotrophie spinale infantile et les myopathies où le risque de maladie respiratoire est plus marqué.

Risque d’infection à VRS et d’hospitalisation plus élevé pour les enfants atteints de maladie neuromusculaire

Pendant 12 saisons VRS consécutives, 25 003 enfants ont été inclus dans l’étude CARESS : MNM 605 (2,4 %), indications standard (IS) 20 335 (81,3 %), autres maladies complexes (AMC) 4 063 (16,3 %). Entre ces groupes, il y avait des différences concernant âge et poids à l’enrôlement ((p < 0,0005), poids de naissance, degré d’occupation du logement, hospitalisation en période néonatale, oxygénothérapie. Sur la totalité des enfants, 1 724 (6,9 %) ont été hospitalisés une ou plusieurs fois pour maladie respiratoire : 116 (19,2 %) des 605 MNM en comparaison des IS (n = 1228, 6 %) [Risque relatif (RR) 1,90 intervalle de confiance à 95 % IC 1,41-2,56, p < 0,0005] et des AMC (380, 9,3 %). L’incidence des hospitalisations en relation avec le VRS est respectivement de 3,3 %, 1,5 %, 1,6 % (RR MNM vs IS 2,26 ; IC 1,38-3,72, P = 0,001 et MNM vs AMC RR 2,74 ; IC 1,55-4,84, P = 0,001). Les enfants avec une MNM à début infantile sévère présentent un risque plus élevé de maladie respiratoire que ceux avec une hypotonie généralisée (RR 1,69 IC 1,06-2,68, P=0,027) mais non d’hospitalisation pour VRS.
En conclusion, les enfants souffrant de maladie neuromusculaire sous palivizumab ont un risque plus élevé de maladie respiratoire et d’hospitalisation pour VRS que les autres groupes.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Wang DY er coll. : Respiratory Syncitial Virus prophylaxis in neurologic and muscular disorders in the Canadian Respiratory Syncitial Virus Evaluation Study of Palivizumab. Pediatr Infect Dis J., 2019; 38: 775-780.

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