
L’augmentation des concentrations sanguines de troponine I
(TnI) cardiaque, au-delà du 99ème
percentile est un argument de poids dans le diagnostic de la
souffrance myocardique aiguë et de l’infarctus du myocarde (IDM).
Ce signe biologique, même quand le seuil quantitatif précédent
n’est pas atteint prédit, dans une certaine mesure le risque
d’évènements cardiovasculaires majeurs (ECVM) incluant le décès
dans des populations non sélectionnées. Les études publiées sur ce
sujet ne manquent pas, mais il en est d’autres plus rares, qui
attirent l’attention d’une élévation possible et non exceptionnelle
des taux de ce biomarqueur dans les suites d’activités physiques
intenses qui s’observent notamment dans le cas du sport
d’endurance. Les randonneurs ou plus encore, les marcheurs dont le
pas reste soutenu sur de longues distances entrent dans cette
catégorie. Comment interpréter une augmentation significative des
taux de TnI dans un tel contexte ?
C’est à cette question que répond une étude de cohorte
prospective dans laquelle ont été inclus 725 participants (âge
moyen 61 [54-69] ans). Les concentrations sériques du
biomarqueur en question ont été dosées avant et immédiatement après
une marche de 30 à 55 km. La valeur pronostique des taux situés
au-dessus du 99ème percentile (>0,040 µg/l), a été
évaluée. Le critère de jugement principal a combiné les ECVM
suivants : IDM, AVC, insuffisance cardiaque, revascularisation
myocardique ou encore mort subite.
Des conséquences cardiovasculaires
La marche s’est accompagnée d’une augmentation de la fréquence
cardiaque qui a atteint 68 ± 10% de la fréquence maximale théorique
(220-âge) pendant en moyenne 8,3 [7,3-9,3] heures. Les valeurs
basales de la TnI ne dépassaient le seuil de 0,040 µg/l que chez 9
participants (1 %). En revanche, après la marche, 63
participants (9 %) ont été concernés. Au terme d’un suivi moyen de
43 [23-77] mois, ces derniers, dans l’immense majorité des
cas (n = 62 ; 9 %), ont connu des désagréments majeurs dont 29
décès et 33 ECVM. Ceci s’est produit dans 7 % des cas avec des taux
de TnI ≤ 0,040 µg/l après effort, et 27 % avec des taux de TnI >
0,040 µg/l(log-rank p<0,001). Le hazard ratio correspondant a
été estimé à 2,48 (intervalle de confiance à 95 %, 1,29-4,78) après
ajustement selon les variables suivantes: âge, sexe, facteurs de
risque cardiovasculaire (HTA, hypercholestérolémie ou diabète),
maladie cardiovasculaire quel que soit son type (IDM, AVC ou
insuffisance cardiaque), mais aussi valeurs basales de la
TnI.
Dr Catherine Watkins